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Think Mobilités 2024 : « Réévaluer la place de la voiture dans nos modes de déplacements » (A. Bigo)

News Tank Mobilités - Paris - Actualité n°319146 - Publié le 21/03/2024 à 18:00
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©  Seb Lascoux
Aurélien Bigo lors du Think Mobilités - ©  Seb Lascoux

« Il est impératif d’utiliser à la fois des leviers de sobriété et de technologie pour atteindre nos objectifs de réduction des GES gaz à effet de serre . Compter uniquement sur la technologie ne suffira pas. Il sera nécessaire de réévaluer la place de la voiture dans nos modes de déplacement, ainsi que le trafic aérien et la demande de transport en général. D’autre part, une demande de sobriété sans recours à la technologie ne sera pas non plus efficace », déclare Aurélien Bigo Doctorant puis chercheur associé @ Chaire Energie et Prospérité (partenariat entre Polytechnique, l’École Normale Supérieure et l’Ensae ParisTech
, chercheur associé à la Chaire énergie et prospérité de l’Institut Louis Bachelier, lors de sa keynote « Leviers de décarbonation : entre technologie et sobriété » en ouverture du Think Mobilités « Décarbonation des mobilités : quels investissements, coordination et compétences ? » organisé par News Tank Mobilités le 19/03/2024.

280 personnes étaient inscrites à l’événement qui s’est tenu de 9h à 14h à Sorbonne Université, Campus Pierre et Marie Curie (Paris).

Sa prise de parole était précédée des keynotes « La coopération territoriale au service de la résilience » par Pascal Berteaud Directeur général @ Cerema
• Pascal Berteaud est X-Ponts. Il a occupé différents postes de management opérationnel dans le secteur parapublic, postes en administration centrale et fonctions en cabinet.
, directeur général du Cerema • Établissement public à caractère administratif sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires• Création : 2014• Réseau : 26 implantations en… , et « Quels soutiens à la décarbonation ? » par Baptiste Perrissin Fabert Directeur général délégué en charge du pôle expertise @ Ademe • Doctorat en économie @ AgroParisTech (Institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement)
, directeur général délégué de l’Ademe • Établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle conjointe du ministère de la Transition écologique et solidaire et du ministère de l’Enseignement supérieur… , et suivie par une keynote sur la thématique suivante :
• « Trajectoire partagée et ambitions d’un exploitant ferroviaire » par Loïc Brabant Directeur RSE à la direction TER @ SNCF voyageurs
, directeur RSE Responsabilité sociétale des entreprises TER Transport express régional chez SNCF Voyageurs • Filiale détenue à 100 % par la holding SNCF SA • Création : 01/01/2020 (remplace SNCF Mobilités dans le cadre de la réorganisation de la SNCF et de ses filiales) • Mission :- TGV-INTERCITÉS… .


« Pourquoi nos mobilités sont-elles un secteur important dans nos émissions de GES gaz à effet de serre  ? » (Aurélien Bigo)

Les kilomètres parcourus par jour par mode de transport, de 1800 à 2017 - ©  Aurélien Bigo

  • « Les kilomètres parcourus par les voyageurs ont connu un développement extrêmement fort dans les années 50. Les poids lourds ont pris une part importante du transport de marchandises ; ce type de transport repose à plus de 90 % sur le pétrole, d’où l’importance prépondérante de ce type de transport dans nos émissions.
  • Il y a eu une très forte hausse des émissions de GES jusqu’au début des années 2000. Depuis, nous observons des tendances moins défavorables, avec une stabilité des émissions dans les années 2010. En 2020, la crise sanitaire a fait chuter les émissions, mais en 2022, nous sommes repassés au-dessus des objectifs de la SNBC Stratégie nationale bas carbone en termes d’émissions. »

Émissions des transports depuis 1960, et objectif de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) d’ici 2050 - ©  Aurélien Bigo

Cinq leviers pour décarboner les transports de la SNBC

  • « Modérer la demande de transport, limiter les kilomètres parcourus par les voyageurs et privilégier des voyages moins lointains afin de réduire le recours au transport aérien.
  • Promouvoir le report modal vers les modes de transport les moins carbonés, tels que les mobilités actives et les transports collectifs, tout en limitant l’usage de l’aérien, de la voiture et des poids lourds.
  • L’amélioration du taux de remplissage des véhicules est cruciale, notamment pour les voitures, qui représentent l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre et dont le taux de remplissage est particulièrement bas actuellement.
  • La limitation de la consommation énergétique des véhicules passe par l’utilisation de véhicules plus légers et la promotion de l’éco-conduite, notamment en adoptant une vitesse maximale de 110 km/h sur les autoroutes.
  • L’amélioration du rendement des moteurs et l’électrification des véhicules sont des moyens essentiels pour réduire notre dépendance au pétrole. »

« Il faut revoir la place de la voiture dans nos mobilités » (Aurélien Bigo)

  • « Jusqu’à présent, les leviers ont été orientés dans le mauvais sens en ce qui concerne les kilomètres parcourus et le volume de marchandises transportées, avec un report vers le transport aérien et routier au cours des dernières années, tandis que les voitures sont devenues de plus en plus grosses. Bien que la technologie ait évolué dans la bonne direction, elle n’a pas été suffisante pour atteindre nos objectifs climatiques.
  • À l’avenir, il est impératif d’utiliser à la fois des leviers de sobriété et de technologie pour atteindre nos objectifs. Compter uniquement sur la technologie ne suffira pas. Il sera nécessaire de réévaluer la place de la voiture dans nos modes de déplacement, ainsi que le trafic aérien et la demande de transport en général. D’autre part, une demande de sobriété sans recours à la technologie ne sera pas non plus efficace. »

La voiture électrique, meilleur ou pire des véhicules ? - ©  Aurélien Bigo

« La voiture électrique : un mode de transport fort consommateur de ressources » (Aurélien Bigo)

Aurélien Bigo - ©  Seb Lascoux

  • « La voiture électrique est l’une des principales technologies pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Si on la compare aux véhicules thermiques, l’avantage est très net en termes d’émissions de GES sur l’ensemble du cycle de vie, divisant ces émissions par deux. Actuellement, environ 2 % du parc de véhicules est électrique. Cependant, même si les ventes de véhicules électriques représentent 17 % des ventes en 2023, il faudra du temps pour renouveler complètement le parc automobile.
  • Si l’on compare la voiture électrique à d’autres modes de transport ou à d’autres véhicules plus sobres, on constate qu’elle reste un mode de transport assez consommateur de ressources, et donc parmi les plus polluants et émetteurs de gaz à effet de serre dans un système de mobilité qui tend de plus en plus vers l’électrique.
  • On conserve un certain nombre de raisons pour aller vers plus de sobriété, avec des véhicules intermédiaires entre le vélo et la voiture, qui nous permettent d’étendre le domaine d’utilisation du vélo tel qu’on le connaît actuellement et plus sobre en termes de consommation de ressources que la voiture. Les véhicules intermédiaires offrent de plus faibles impacts environnementaux et climatiques, et des coûts d’accès bien moins élevés. »

Les véhicules intermédiaires - ©  Aurélien Bigo

« Limiter la part de la voiture ou de l’aérien et pousser les mobilités actives » (Aurélien Bigo)

  • « Dans nos déplacements, l’aérien domine au-delà de 1000 km, tandis que la marche prédomine pour des distances inférieures à 1 km. Les transports en commun routiers et ferroviaires sont largement utilisés à l’intérieur ou entre les grandes villes. Pour tous les autres déplacements, c’est actuellement la voiture qui domine largement sur une grande variété de trajets.
  • Il va falloir limiter la part de la voiture et de l’aérien, et encourager les mobilités actives ainsi que les transports collectifs. Pour les mobilités actives, le potentiel est particulièrement fort pour la marche, qui est à privilégier. En ce qui concerne le vélo, notre pratique est dix fois moins élevée que celle des Pays-Bas, mais le potentiel est important, surtout si l’on prend en compte celui de certains véhicules intermédiaires.
Les véhicules intermédiaires ont un rôle à jouer dans les zones rurales »
  • Concernant les transports massifiés, nous avons un potentiel de développement important par rapport à la situation actuelle, en favorisant davantage le ferroviaire et les transports en commun routiers. Lorsque les flux de déplacements sont moins importants et que les transports massifiés sont moins adaptés, la voiture devient pertinente lorsqu’elle est utilisée en covoiturage. Dans les zones rurales, où la dépendance à la voiture est plus forte, les véhicules intermédiaires ont un rôle à jouer.
  • Sur les plus longues distances du quotidien où les trajets plus long l’auto-partage est possible, ainsi que l’intermodalité avec les transports en commun.
  • Pour les très longues distances, il n’existe pas de solutions particulièrement sobres qui permettent de remplir les mêmes usages que ceux que permet l’aérien. Partir à l’autre bout du monde pour une semaine, seul l’aérien offre cette possibilité. Il n’y a pas de solution intéressante pour répondre à ces besoins, ce qui soulève la question de la sobriété. »

Impacts environnementaux, sociaux et sanitaires des mobilités - ©  Aurélien Bigo

« Croiser les cinq leviers de la SNBC avec les défis du secteur » (Aurélien Bigo)

  • « Dans les défis liés à la décarbonation de nos mobilités, il existe des impacts sociaux et sanitaires sur la qualité de vie. Nous faisons face à des problématiques telles que la pollution de l’air, le changement climatique, la gestion des ressources, l’occupation de l’espace et l’accidentalité.
  • En croisant les cinq différents leviers de la SNBC avec les défis du secteur, on constate qu’il existe un grand nombre de bénéfices à utiliser ces leviers pour résoudre les autres enjeux des transports.
  • Entre sobriété et technologies, il est beaucoup plus bénéfique d’opter pour la sobriété en transitionnant depuis les véhicules thermiques que de simplement passer à la voiture électrique. Cette approche ne résout pas les enjeux de consommation d’espace, d’accidentalité et de sédentarité associés à une activité physique. »

Aurélien Bigo, chercheur associé à la Chaire énergie et prospérité de l’Institut Louis Bachelier, lors du Think Mobilités le 19/03/2024.

Aurélien Bigo


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Parcours

Chaire Energie et Prospérité (partenariat entre Polytechnique, l’École Normale Supérieure et l’Ensae ParisTech
Doctorant puis chercheur associé
Ademe
Ingénieur prospective
SNCF
Etude des scénarios de prospectives transports

Établissement & diplôme

Université Paris Nanterre
Master Economie de l’environnement
UniLaSalle (UniLaSalle)
Ingénieur géologue, Géologie / sciences de la Terre, général

Fiche n° 45534, créée le 14/03/2022 à 16:57 - MàJ le 05/10/2022 à 16:15

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Aurélien Bigo lors du Think Mobilités - ©  Seb Lascoux