
ExclusifVéhicules en 2035 : « La Commission ouvre la porte à une neutralité technologique » (Bruno Millienne)
« Le signal venu de Bruxelles est clair : l’électrique restera la voie principale pour décarboner massivement le parc. Mais la Commission ouvre aussi la porte à un raisonnement de neutralité technologique : stopper les carburants fossiles, tout en permettant l’usage strictement encadré de carburants bas-carbone dans des moteurs qui pourraient, eux, survivre… en changeant de contenu énergétique », déclare Bruno Millienne
Président @ BM Consulting
, député (MoDem
Mouvement démocrate
et Indépendants) des Yvelines de 2017 à juillet 2024 et conseiller presse au cabinet de François Bayrou, Premier ministre, de février à septembre 2025, dans une tribune transmise en exclusivité à News Tank le 10/10/2025.
« L’Union européenne a fixé un objectif lisible : à partir de 2035, les voitures neuves devront être neutres en carbone à l’usage. Beaucoup y voient « la fin du moteur thermique ». En réalité, le débat qui s’ouvre avec la clause de revoyure pose une question plus pragmatique : faut-il interdire un principe mécanique ou ce qui le rend polluant, à savoir le carbone fossile ? »
Le paquet législatif européen « Fit for 55 », adopté en 2023, vise à réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Parmi les mesures figure l’interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035. Une clause de revoyure, prévue pour la fin de l’année 2026, inscrit dans le texte permet de réévaluer cet objectif.
Découvrez la tribune de Bruno Millienne ci-dessous
2035 : arrêtons les carburants fossiles, pas l’ingénierie
La clause de revoyure européenne ne doit pas opposer les technologies : elle peut clarifier un cap simple - sortir du fossile - tout en mobilisant toutes les solutions capables de réduire les émissions dès maintenant.
Un cap climatique, une mise au point politique
L’Union européenne a fixé un objectif lisible : à partir de 2035, les voitures neuves devront être neutres en carbone à l’usage. Beaucoup y voient « la fin du moteur thermique ». En réalité, le débat qui s’ouvre avec la clause de revoyure pose une question plus pragmatique : faut-il interdire un principe mécanique ou ce qui le rend polluant, à savoir le carbone fossile ?
Le signal venu de Bruxelles est clair : l’électrique restera la voie principale pour décarboner massivement le parc. Mais la Commission ouvre aussi la porte à un raisonnement de neutralité technologique : stopper les carburants fossiles, tout en permettant l’usage strictement encadré de carburants bas-carbone dans des moteurs qui pourraient, eux, survivre… en changeant de contenu énergétique.
Ne nous trompons pas d’ennemi : c’est le carbone fossile
Le moteur à combustion n’est pas intrinsèquement « mauvais » : c’est ce qu’il brûle qui compte. Trois familles d’alternatives méritent une place dans l’équation, au côté de l’électrique :
- E-fuels (carburants de synthèse) : produits à partir d’hydrogène vert et de CO₂ capté, ils peuvent, si l’électricité utilisée est renouvelable et la chaîne maîtrisée, réduire fortement l’empreinte “du puits à la roue”.
- Bioéthanol (E85, etc.) : issu de cultures et de résidus agricoles, déjà disponible à grande échelle, il abaisse les émissions lorsqu’il est durable et bien tracé.
- Biogaz/biométhane (bioGNV Gaz naturel pour véhicules d’origine décarbonée ) : fabriqué à partir de déchets organiques, il valorise nos gisements locaux et réduit les émissions, surtout pour les flottes et utilitaires.
Ces molécules ne sont pas un « contre-projet » à l’électrique ; elles sont un complément là où la batterie est moins pratique ou plus coûteuse, et un accélérateur pour décarboner le parc existant qui roulera encore longtemps.
Pourquoi cette voie est crédible et utile
Climat : sortir du fossile par tous les leviers évite de reporter des tonnes de CO₂. Les carburants alternatifs, bien certifiés, font baisser dès maintenant.
Social : tout le monde n’a pas les moyens ni l’usage pour basculer immédiatement vers l’EV Electric Vehicles . Offrir des solutions graduelles (E85, bioGNV, futurs e-fuels) rend la transition plus juste.
Industriel : l’Europe sait fabriquer des moteurs sobres, des électrolyseurs, des biocarburants avancés. Miser uniquement sur des chaînes importées, c’est perdre des compétences ; diversifier, c’est sécuriser l’emploi.
Souveraineté : remplacer du pétrole importé par des énergies produites en Europe (électricité renouvelable, biomasse durable, CO₂ capté) réduit notre dépendance.
Les garde-fous indispensables
Pour éviter tout « greenwashing », la clause de revoyure doit s’accompagner de règles simples et strictes :
- Interdiction progressive et irrévocable des carburants fossiles dans la route légère neuve à partir de 2035, avec un calendrier lisible pour la part fossile résiduelle dans les stations.
- Mesure “puits à roue” obligatoire : on évalue tout le cycle de vie, pas seulement le pot d’échappement.
- Certification, traçabilité et contrôles : un véhicule admis après 2035 en motorisation combustion doit être verrouillé “carburant décarboné seulement” (logiciel, capteurs, contrôle technique).
- Priorité aux usages pertinents : les e-fuels, chers et rares au début, doivent d’abord cibler l’aviation, le maritime, certaines flottes, tout en laissant une niche automobile strictement encadrée.
- Aucune concurrence avec l’alimentaire : pour les bioénergies, durabilité agricole et valorisation des résidus en premier.
Un plan d’action concret, lisible pour tous
Affirmer la boussole : « 2035 = fin du fossile dans les voitures neuves ». Le reste - électrique, e-fuels, bioénergies - n’est qu’ingénierie au service de cette boussole.
Accélérer les bornes et la fabrication européenne de batteries, tout en finançant des pilotes e-fuels et la montée en puissance du biométhane.
Aider les ménages et les PME Petite ou moyenne entreprise : primes ciblées pour l’EV, boîtiers E85 homologués, conversions de flottes au bioGNV, et contrats d’approvisionnement « bas-carbone garanti ».
Informer sans jargon : un étiquetage carbone unique, clair, comparable entre véhicules et carburants, basé sur le cycle de vie.
Former et reconvertir : du technicien moteur au réseau de maintenance haute tension, personne ne doit rester sur le quai.
Un message simple, un continent rassemblé
La clause de revoyure est une chance. Elle peut désamorcer une fausse querelle - moteur contre batterie - et réunir industriels, territoires et citoyens autour d’un message sans ambiguïté : nous sortons du fossile. Point.
L’électrique massifiera l’effort. Les e-fuels, le bioéthanol et le biogaz compléteront l’arsenal là où c’est pertinent, sous conditions strictes. C’est ainsi que l’Europe peut tenir 2035, protéger son emploi industriel, et offrir aux ménages une transition juste et praticable.
Ne diabolisons pas une mécanique ; éliminons ce qui la rend climatiquement toxique. L’ennemi, ce n’est pas le moteur : c’est le carbone fossile.
Parcours
Président
Membre du collège des parlementaires
Co-rapporteur de la mission d’information flash sur les mesures d’accompagnement à la mise en œuvre des ZFE-m
Président en Île-de-France
Membre
Conseiller presse
Député MoDem de la 9e circonscription des Yvelines
Membre puis vice-président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
Conseiller régional
Chargé d’une mission temporaire sur la réglementation des VTC en outre-mer
Rapporteur du projet de LOM sur le volet gouvernance (titre Ier)
Conseiller municipal
Directeur de la continuité de l’antenne
Directeur de la mise à l’antenne et rédacteur en chef
Fiche n° 47518, créée le 13/10/2022 à 12:11 - MàJ le 10/10/2025 à 09:10
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