EPIC RATP : « Les salariés doivent retrouver des avancées de carrière » (Jean-Christophe Delprat, FO)

« Chaque ministre hérite des sujets sans en maîtriser les enjeux » (Jean-Christophe Delprat, FO)

Les syndicats représentatifs à la RATP (UNSA, FO, CGT et CFE-CGC) ont tous appelé à rejoindre le mouvement intersyndical du 18/09/2025. Faut-il s’attendre à une mobilisation massive ?

Cette journée s’annonce comme un temps fort de mobilisation. Les taux de grévistes devraient atteindre ceux enregistrés lors de la réforme des retraites. Pour les salariés de la RATP, c’est un ras-le-bol général qui s’exprime : ouverture à la concurrence, reculs sur les retraites, contrats Île-de-France Mobilités-RATP de plus en plus contraignants, etc. En plus de cette situation, en tant qu’organisation syndicale de l’EPIC, nous n’avons aucune marge de manœuvre pour les NAO 2026 ou l’intéressement. Il ne reste plus que la voie de la contestation pour se faire entendre.

S’intégrer à un mouvement national ne risque-t-il pas de diluer les revendications spécifiques à l’EPIC RATP ?

Il est vrai que ce mouvement national a des enjeux citoyens plus larges, mais nous portons aussi nos propres préoccupations internes. Notre objectif est de rappeler que les salariés de l’EPIC RATP doivent retrouver des avancées de carrières. Après des années d’engagement exceptionnel — comme lors des JOP 2024 —, il n’est plus acceptable de fonctionner sans reconnaissance concrète. Aujourd’hui, en tant qu’organisation syndicale, nous n’avons plus aucune latitude pour négocier les avancées sociales habituelles.

Dans quelle mesure la situation des salariés de l’EPIC a-t-elle évolué ces dernières années ?

Au-delà des retraites, rien n’est pris en compte »

Aujourd’hui, nous ne savons même plus quel avenir réserve l’EPIC à ses salariés, si ce n’est une ouverture à la concurrence programmée pour 2039 et une exigence constante d’augmentation de la productivité.

Prenons l’exemple du salaire d’un conducteur de métro. Dans les années 1990, un débutant gagnait environ deux fois le SMIC, primes incluses. Aujourd’hui, il est improbable qu’un jeune conducteur dépasse les 2 600 € brut en début de carrière, sans parler des perspectives d’évolution. En trente ans, les salariés qui se situaient dans une classe moyenne stable ont considérablement été déclassés socialement, avec des conditions de travail dégradées.

Au-delà des retraites, rien n’est pris en compte. Ni la pénibilité, ni les conditions de travail. Pire, avec des ministres des Transports qui se succèdent tous les six mois, il n’y a aucune perspective d’amélioration. Nous sommes arrivés à un point de rupture.

Quels dossiers aviez-vous engagés avec les différents ministres des Transports ?

Nous avions notamment entamé un travail avec l’un d’eux sur un audit visant à analyser les conditions réelles d’une ouverture à la concurrence des transports en Île-de-France. Mais ce dossier, comme tant d’autres, n’a jamais dépassé le stade des discussions.

Le problème, c’est que chaque ministre hérite de ces sujets sans en maîtriser les enjeux, alors que l’ouverture à la concurrence exige une vision stratégique à long terme. Résultat : les dossiers s’empilent, mais rien n’avance concrètement.

Jean Castex a-t-il apporté cette vision stratégique que vous évoquez ?

Quelle est la vision du PDG pour l’avenir du groupe RATP à dix ans ? »

La vraie question à se poser, c’est : quelle est la vision du PDG pour l’avenir du groupe RATP à dix ans ? Va-t-on miser sur l’international, le développement du métro automatique, l’ingénierie, ou prendre une autre direction ? Les rumeurs persistantes sur son départ ne sont pas de bon augure pour les salariés, ni pour la construction d’une stratégie claire.

À la SNCF • Entreprise ferroviaire publique française • Création : 1937 • La nouvelle SNCF, entreprise publique créée le 01/01/2020, est devenue une société mère (SACP). Elle compte cinq filiales : - SNCF… , Jean-Pierre Farandou Ministre @ Ministère du Travail et des Solidarités
a au moins une ligne directrice pour son entreprise. Mais du côté de la RATP, l’incertitude domine. La seule certitude, c’est la demande incessante de productivité de Valérie Pécresse Membre du conseil d’administration @ Centre Pompidou • Présidente @ Région Île-de-France (Conseil régional d’Île-de-France) • Présidente @ Île-de-France Mobilités (IdFM)
• Née le 14/07/1967 . Pourtant, elle n’a jamais précisé ce qu’elle entend faire de l’EPIC RATP : quelle forme, quel avenir ? Il est temps de dialoguer.

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