
Europorte : « Depuis 2021, nous avons homologué plusieurs matériels roulants » (Raphaël Doutrebente, DG)
« En plus de nos opérations de fret ferroviaire, nous proposons des services d’homologation de matériel ferroviaire, une activité que nous sommes les seuls à offrir en dehors de la SNCF. Depuis 2021, nous avons homologué plusieurs matériels roulants : la locomotive Euro6000 de Stadler, deux rames voyageurs d’Alstom, deux de CAF
Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles
, ainsi qu’une rame hydrogène et une rame hybride. Nous terminons actuellement l’homologation de la Traxx MS3 (ex-Bombardier, désormais Alstom), qui succèdera au projet Prima 2 », déclare Raphaël Doutrebente
Président @ Alliance 4F • CEO @ Régionéo • Directeur général @ Europorte
, président directeur général d’Europorte et de l’Alliance 4F
Fret Ferroviaire Français du Futur
, à News Tank le 29/07/2025.
« L’objectif initial pour Getlink
• Groupe international d’infrastructures et de mobilité, en charge de l’exploitation du Tunnel sous la Manche
• Création : 28/03/1986
• Société européenne
• Marques commerciales :
- Eurotunnel…
de disposer d’une entreprise ferroviaire autonome et opérationnelle a été atteint depuis la création de la filiale en 2005. Europorte s’est imposée sur le marché du fret conventionnel, c’est-à-dire des marchandises non conteneurisées. L’activité a progressé de 2 à 5 % par an, avec un pic en 2023, lié à la hausse des coûts de l’énergie que nous avions répercutée, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Fin 2024, nous avons clôturé l’exercice à 168 M€ de chiffre d’affaires, avec une marge EBIT
Earnings Before Interests and Taxes - Bénéfice avant intérêts et impôts
proche de +6 %. La croissance est donc maîtrisée et la rentabilité atteinte. »
« Nous sommes devenus la première entreprise ferroviaire autonome et rentable en Europe. En France, Europorte détient aujourd’hui environ 15 % du marché du fret conventionnel. Dans le secteur de la chimie, nous représentons même 30 % de part de marché. »
Raphaël Doutrebente répond aux questions de News Tank.
« Les principales demandes de 4F ont été entendues lors d’Ambition France Transports » (Raphaël Doutrebente)
En 2025, Europorte, filiale fret de Getlink, fête ses 20 ans. Quel regard portez-vous sur ces deux décennies d’activité ?
L’objectif initial - disposer d’une entreprise ferroviaire autonome et opérationnelle - a été atteint. Europorte s’est imposée sur le marché du fret conventionnel, c’est-à-dire des marchandises non conteneurisées. L’activité a progressé de 2 à 5 % par an, avec un pic en 2023, lié à la hausse des coûts de l’énergie que nous avions répercutée, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Quand je suis arrivé à la direction générale adjointe en 2015, l’entreprise réalisait un chiffre d’affaires de 110 M€ et affichait une marge EBIT négative de 6 %. Fin 2024, nous avons clôturé l’exercice à 168 M€ de chiffre d’affaires, avec une marge EBIT proche de +6 %. La croissance est donc maîtrisée et la rentabilité atteinte.
C’est un cap important, car cette rentabilité permettra à terme de renouveler nos locomotives et d’intégrer l’ERTMS European Rail Traffic Management System - Système européen de gestion du trafic ferroviaire, constitué de l’ETCS18 et du GSM-R .
Pourquoi ne pas développer l’activité sur le combiné rail-route ?
Le principal concurrent du combiné rail-route reste la route »Le marché du combiné rail-route - qu’il s’agisse de conteneurs ou de semi-remorques transportés par train - est en croissance en volume, mais pas en valeur. Son principal concurrent reste la route : les contrats sont généralement d’un an, contre trois ans pour le fret conventionnel, et les clients peuvent facilement basculer d’un mode à l’autre. C’est un segment très concurrentiel, où de nombreux opérateurs restent présents pour conserver leurs parts de marché, souvent au détriment de la rentabilité.
Chez Europorte, nous faisons le choix de ne pas nous engager dans des activités que nous jugeons trop risquées sur le plan financier. Le fret conventionnel, lui, repose sur des relations clients de long terme : nos clients nous sont fidèles en moyenne depuis 14 ans, sur 20 ans d’existence.
Proposez-vous d’autres services que le transport de marchandises ?
Nous proposons également des services d’homologation de matériel ferroviaire, une activité que nous sommes les seuls à offrir en dehors de la SNCF. Depuis 2021, nous avons homologué plusieurs matériels roulants : la locomotive Euro6000 de Stadler, deux rames voyageurs d’Alstom, deux de CAF
Constructeur espagnol de matériel roulant pour les transports en commun (bus, train, tram)
• Création : 1917
• Cotation : Bourse de Madrid
• Effectif : 13 000 personnes (dont 1 000 en…
, ainsi qu’une rame hydrogène et une rame hybride. Nous terminons actuellement l’homologation de la Traxx MS3 (ex-Bombardier, désormais Alstom), qui succèdera au projet Prima 2.
Nous travaillons en partenariat exclusif avec DB Systemtechnik pour l’ingénierie. Ensemble, nous répondons à des appels d’offres pour l’homologation de rames à grande vitesse circulant à 220 km/h, comme les trains Talgo. À ce titre, nous collaborons avec Eiffage, en charge de l’exploitation de la ligne Le Mans-Rennes, sur les aspects techniques liés à ces consultations.
Quelle place occupe Europorte sur le marché du fret ferroviaire français et européen ?
Nous sommes devenus la première entreprise ferroviaire autonome et rentable en Europe. En France, Europorte détient aujourd’hui environ 15 % du marché du fret conventionnel. Dans le secteur de la chimie, nous représentons même 30 % de part de marché.
Nous sommes également un acteur clé du segment multilot-multiclient, aujourd’hui appelé « wagon isolé ». Fin 2024, nous avons acheminé plus de 25 000 wagons dans ce cadre. Pour cela, nous nous appuyons sur plusieurs hubs logistiques : Miramas (Bouches-du-Rhône), Sibelin (Rhône), Dijon (Côte-d’Or), Lerouville (Meuse) en France ; Hoffenbach en Allemagne ; Zeebruges en Belgique.
Pour fidéliser nos clients, nous développons des services innovants, notamment l’utilisation de carburants alternatifs. Nous avons signé un contrat d’exclusivité avec le groupe Avril pour faire rouler huit de nos locomotives à l’Oléo 100. Et amorçons l’utilisation de carburant HVO Hydrotreated Vegetable Oil - Huile végétale hydrotraitée avec Total.
Travaillez-vous sur d’autres projets ?
Nous avons développé Track Value, un nouveau service de traçabilité et de monitoring des wagons, à la demande de nos clients. Nous y travaillons depuis 2021, après avoir testé plusieurs modèles, avec des résultats contrastés. C’est aujourd’hui une solution aboutie, reposant sur une technologie mature et des partenariats solides.
Ce service s’adresse à l’ensemble des modes de transport - ferroviaire, routier, maritime ou aérien -, fruit d’un partenariat technologique et industriel entre Europorte et Kerlink, spécialisé dans les solutions de connectivité, avec le soutien de Kineis, opérateur satellitaire basé à Toulouse. La constellation Kineis assurera la transmission des données, offrant une couverture fiable et continue pour la localisation des marchandises en temps réel.
Ces innovations ont-elles un impact sur le coût du service ?
Elles peuvent entraîner un surcoût, mais les clients l’acceptent dès lors que la qualité de service s’améliore.
Rencontrez-vous des difficultés au démarrage des contrats, notamment liées à l’attribution des sillons ?
Dès lors que les sillons sont attribués, le service démarre sans difficulté majeure. En 2025, nous avons enregistré un taux de fiabilité des sillons supérieur à 90 %, ce qui est très satisfaisant.
Europorte s’adapte : nous évitons de commander des sillons pendant les plages de travaux. SNCF Réseau organise désormais certains chantiers en journée afin de libérer des créneaux pour le fret en soirée. Cela peut susciter des réactions de la part des élus locaux, mais c’est un progrès. Il y a eu de vraies avancées dans le dialogue avec SNCF Réseau, notamment depuis que nous nous exprimons collectivement au sein de l’Alliance 4F. Cela montre que les besoins du fret ferroviaire sont mieux pris en compte.
Comme Rail Logistics Europe (groupe SNCF), êtes-vous affectés par le recul de l’activité industrielle en Europe de l’Ouest ?
La chimie se porte bien, le trafic de céréales a bien performé, etc. »Certains secteurs sont effectivement impactés, notamment l’automobile. Les ports européens accueillent davantage de véhicules chinois, mais cela n’a pas encore généré de volumes significatifs pour nous. Des demandes de trains ont été formulées, sans aboutir. Europorte est d’ailleurs de moins en moins présent sur ce segment.
En revanche, la chimie se porte très bien. On observe une déconcentration de certaines unités de production, ce qui génère de nouveaux flux à partir ou vers des sites industriels.
Le trafic de céréales à destination des malteries a également bien performé, et la bonne récolte 2025 devrait soutenir cette dynamique.
Enfin, la demande est soutenue dans le secteur des ciments et des carrières, même si les grands chantiers du Grand Paris sont maintenant finalisés.
Alliance 4F
L’alliance 4F regroupe les acteurs de la filière du fret ferroviaire en France. Elle indique travailler « à son service à son développement ».
Elle regroupe l’ensemble des acteurs du fret ferroviaire en France : entreprises de transport (comme Fret SNCF, DB
Deutsche Bahn, entreprise ferroviaire publique allemande
Cargo France, Captrain), opérateurs de transport combiné (Novatrans, Naviland Cargo, etc.), opérateurs d’autoroutes ferroviaires (VIIA), commissionnaires (Forwardis), opérateurs de proximité, ainsi que de nombreuses fédérations et associations professionnelles. SNCF Réseau
• SACP filiale de la SNCF
- maison-mère de SNCF Gares & Connexions
• Création : 01/01/2015 (fusion entre Réseau ferré de France, SNCF Infra et la Direction de la circulation ferroviaire)
…
participe également aux travaux.
Êtes-vous satisfait, en tant que président de l’Alliance 4F, des conclusions d’Ambitions France Transports, la “conférence de financement” à laquelle vous avez participé ?
Nous avons réussi à faire converger nos positions avec celles des représentants du transport routier »Globalement oui. En tant que président de 4F, j’ai pu porter la voix de l’ensemble des acteurs du fret ferroviaire — entreprises, chargeurs du combiné, et SNCF — au sein de l’atelier n° 4, dédié au report modal et au transport de marchandises. Nous avons réussi à faire converger nos positions avec celles des représentants du transport routier, ce qui n’allait pas de soi au départ.
Les principales demandes de 4F ont été entendues : une loi cadre, l’intégration des problématiques du transport de marchandises avec les certificats d’économies d’énergie (CEE Certificat d’économie d’énergie - Mécanisme qui vise à obliger ou encourager des acteurs à réaliser des économies d’énergie via la délivrance d’un certificat ), un réel engagement pour tenir le plan de 4 Md€ nécessaire à SNCF Réseau et une meilleure lisibilité du cadre législatif pour soutenir les investissements.
La convergence avec les acteurs du routier sur la décarbonation — notamment via l’électrification de leurs infrastructures — a été déterminante. Les CEE permettent désormais de financer des projets fluviaux, routiers et ferroviaires, sans peser sur le budget de l’État, ce qui constitue une avancée structurante.
Risque-t-on en France de connaître des difficultés similaires à celles que l’Allemagne rencontre dans le secteur du ferroviaire ?
Non, justement. Ce que l’Allemagne a vécu avec DB en matière de désorganisation est un contre-exemple. Là-bas, les incidents et interruptions se sont multipliés à cause de l’état du réseau et ils ont anticipé une injonction de la Commission européenne sur une discontinuité de leurs activités marchandises. DB a voulu anticiper en révisant brutalement ses tarifs — parfois jusqu’à +60 % — ce qui a provoqué une perte de compétitivité et de clients. Dans la foulée, DB a dû licencier près de 3 000 personnes.
En France, nous avons évité cette discontinuité grâce à une meilleure anticipation et à une concertation plus large. Les propositions issues d’Ambitions France Transports contribuent justement à prévenir un tel scénario. L’Allemagne a pris conscience de son retard : elle investit désormais 80 Md€ dans la régénération de son réseau. Nous avons, en quelque sorte, tiré les leçons à temps.

Raphaël Doutrebente
Président @ Alliance 4F
CEO @ Régionéo
Directeur général @ Europorte
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Parcours
Président
CEO
Directeur général
Président
Directeur général délégué
Directeur général adjoint
Directeur général adjoint
Directeur organisation et ressources humaines
Directeur des ressources humaines
Directeur des affaires sociales
Directeur des ressources humaines
Directeur des ressources humaines
Établissement & diplôme
The Transportation Sector and Silicon Valley Ecosystem Program
Executive Master, management, innovations technologiques et développements stratégiques
Industry 4.0, evaluatin & advancing digitalisation invitiatives / (…) / Automation
Master, gestion
Fiche n° 40669, créée le 28/09/2020 à 19:09 - MàJ le 28/07/2025 à 16:36
Getlink
• Groupe international d’infrastructures et de mobilité, en charge de l’exploitation du Tunnel sous la Manche
• Création : 28/03/1986
• Société européenne
• Marques commerciales :
- Eurotunnel, leader du transport transmanche de véhicules de tourisme (Eurotunnel Le Shuttle), de camions (Eurotunnel Le Shuttle Freight), des passagers Eurostar et des trains de fret ferroviaire qui empruntent le tunnel sous la Manche
- Europorte, premier opérateur privé de fret ferroviaire en France
- ElecLink, future interconnexion électrique de 1 GW entre le Royaume-Uni et la France
- CIFFCO, premier centre de formation privé dédié aux formations du ferroviaire.
• Président : Jacques Gounon
• Directeur général : Yann Leriche
• Contact : Anne-Sophie de Faucigny, directrice Communication Groupe
• Tél. : 01 40 98 04 67
Catégorie : Gare & Rail
Adresse du siège
39 rue de la Bienfaisance
75008 Paris France
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Fiche n° 10189, créée le 23/09/2020 à 16:19 - MàJ le 28/07/2025 à 16:36
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