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Ville de Lyon : « L’usage du vélo a augmenté de 60 % depuis 2019 » (Valentin Lungenstrass, adjoint)

News Tank Mobilités - Paris - Interview n°387434 - Publié le
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Valentin Lungenstrass, adjoint à la Ville de Lyon (Rhône) - ©  D.R.

« Depuis 2019, l’usage du vélo a augmenté d’environ 60 % sur le territoire municipal lyonnais. Sur certains axes, nous observons un doublement voire un triplement du nombre de cyclistes », déclare Valentin Lungenstrass, adjoint à la Ville de Lyon pour les domaines de la mobilité, de la logistique urbaine, des espaces publics et du tourisme responsable, à News Tank le 12/02/2025.

Il revient sur le développement des Voies Lyonnaises, réseau express vélo desservant la métropole de Lyon, et la place de la Ville de Lyon au cœur du schéma cyclable. « Lyon joue un rôle central dans le réseau des Voies Lyonnaises, tout comme Villeurbanne, car ce sont les territoires où l’usage du vélo est déjà le plus développé et où le potentiel de croissance est le plus fort. Les distances y sont courtes, et il est essentiel d’intégrer des itinéraires cyclables adaptés aux besoins des usagers. »

L’élu lyonnais évoque également l’organisation des chantiers d’aménagement cyclables, le développement et les évolutions des pratiques de mobilités douces, les conflits d’usagers, ainsi que le marché de trottinettes en libre-service.

« La flotte de trottinettes électriques en libre-service a été légèrement réduite depuis janvier 2025, passant de 4 000 à 3 500 engins, afin de mieux réguler les usages et d’améliorer la gestion du stationnement. À ce stade, nous n’avons pas prévu de lancer un nouvel AMI Appel à manifestation d’intérêt , mais nous nous laissons la possibilité de le faire si cela répond à un besoin d’intérêt général. »


« Les Velo’V électriques ont été lancés pour élargir l’accès au VAE Vélo à assistance électrique sans nécessiter d’achat personnel » (Valentin Lungenstrass)

Vous êtes devenu adjoint délégué à la Mobilité, Logistique urbaine, Espaces publics et Tourisme responsable à la Ville de Lyon en juin 2020, avec pour objectif de développer la pratique du vélo et de rattraper le retard que pouvait avoir la ville par rapport à certaines villes scandinaves. Presque cinq ans après, quel bilan dressez-vous ?

Depuis 2019, l’usage du vélo a augmenté d’environ 60 % sur le territoire municipal, avec des hausses particulièrement marquées sur certains axes. Par exemple, le trafic cycliste a progressé de 80 % dans le tunnel de la Croix-Rousse, de 195 % sur le pont de la Mulatière et de 76 % sur le quai Pierre-Scize. À certains endroits, nous observons un doublement, voire un triplement du nombre de cyclistes. Parallèlement, la fréquentation des transports en commun (TCL Transports en commun lyonnais opérés de SYTRAL Mobilités) continue d’augmenter, tout comme l’usage du covoiturage.

Nous travaillons également à améliorer la sécurité des usagers les plus vulnérables - cyclistes, utilisateurs de trottinettes et motards, et piétons -, qui restent les principales victimes d’accidents. Les chiffres de l’accidentologie évoluent de manière encourageante : depuis 2019, les accidents graves impliquant des piétons ont diminué de 43 %, et les accidents graves, toutes catégories confondues, ont reculé de 33 %.

Constatez-vous une augmentation des « gros vélos » (vélos cargos, longtails) sur les pistes cyclables ?

L’usage des vélos cargos est en forte progression, que ce soit pour un usage personnel ou professionnel. On observe notamment un essor significatif de la cyclologistique, avec l’arrivée de nouveaux types de vélos cargos adaptés aux livraisons urbaines.

C’est pourquoi, dans le cadre du programme des Voies Lyonnaises, nous avons prévu des largeurs de pistes adaptées, notamment aux carrefours, afin d’accueillir ces usagers. Qu’il s’agisse de biporteurs, triporteurs ou longtails, la diversité des modèles ne cesse de croître et cette tendance va probablement s’accentuer.

Nous en sommes encore aux prémices de cette évolution et la réglementation devra s’adapter. Un travail est en cours au niveau national pour encadrer le développement de la cyclologistique, notamment en définissant des dimensions maximales pour les vélos cargos. L’enjeu est d’éviter l’arrivée de « camions-vélos » sur les pistes cyclables, qui pourraient poser des problèmes en termes de cohabitation avec les autres usagers.

La Ville de Lyon déploie d’autres aménagements cyclables »

Où se situent les réservoirs de cyclistes potentiels ?

Il n’y a pas de quartier plus propice qu’un autre. Dès lors que des infrastructures sécurisées sont mises en place, elles encouragent chacun à utiliser le vélo, que ce soit un enfant accompagné de ses parents, un adolescent pour se rendre au collège ou encore des personnes âgées. Les femmes, en particulier, expriment un sentiment de sécurité accru à vélo : il offre plus d’autonomie et de maniabilité, notamment la nuit, par rapport à la marche.

Sur le plan géographique, les quartiers situés en plaine sont naturellement plus favorables au développement des pistes cyclables. Mais nous avons aussi lancé les Velo’V électriques afin d’élargir l’accès au vélo sans nécessiter d’achat personnel. Ce service permet notamment de franchir plus facilement les reliefs de la ville, comme la colline de Fourvière, la Croix-Rousse, la Duchère ou l’Observance. Avec le déploiement des Voies Lyonnaises dans les quartiers en hauteur et l’essor du Vélo’V électrique, nous augmentons le potentiel cyclable de secteurs jusqu’ici moins adaptés.

Les Voies Lyonnaises, promesse des candidats écologistes lors des municipales de 2020, sont devenues une réalité avec le vote métropolitain de mai 2021. Quelle place occupe la Ville de Lyon dans ce maillage cyclable ?

Comme toutes les communes traversées par un tronçon des Voies Lyonnaises, la Ville de Lyon est fortement impliquée dans leur déploiement. Ces infrastructures ont avant tout une vocation métropolitaine : elles visent à créer des connexions fluides entre Lyon, la deuxième couronne et la grande périphérie, où les déplacements à vélo restent encore contraints. L’objectif est d’y rendre les trajets aussi confortables et sécurisés que possible.

Lyon joue un rôle central dans ce réseau, tout comme Villeurbanne, car ce sont les territoires où l’usage du vélo est déjà le plus développé et où le potentiel de croissance est le plus fort. Les distances y sont courtes, et il est essentiel d’intégrer des itinéraires cyclables adaptés aux besoins des usagers. En plus des Voies Lyonnaises, la Ville déploie d’autres aménagements cyclables qui viendront compléter cette infrastructure.

Les trajectoires des Voies Lyonnaises ont été définies dès le lancement du projet »

Y a-t-il un conflit entre le développement des voies cyclables municipales et métropolitaines ?

Non, les différentes trajectoires ont été définies dès le lancement du projet, il y a maintenant quatre ans, en concertation avec les communes voisines. L’objectif était d’identifier les itinéraires les plus pertinents pour le passage des Voies Lyonnaises.

De mon côté, je travaille avec les adjoints des maires d’arrondissement sur des schémas cyclables adaptés aux déplacements locaux. Cela implique la création de pistes cyclables qui ne font pas partie des Voies Lyonnaises, mais qui assurent des liaisons essentielles à l’intérieur d’un quartier ou entre plusieurs quartiers de la ville de Lyon. Ces aménagements viennent ainsi compléter le réseau métropolitain en répondant aux besoins de mobilité du quotidien.

Faire évoluer les trottoirs, les pistes cyclables et l’espace public »

Les importants travaux de transformation de la voirie peuvent susciter des inquiétudes. Comment accompagnez-vous les riverains et les usagers de la route (consultation, communication) ?

Les travaux sont indispensables pour aménager une Voie Lyonnaise, c’est une évidence. Comme pour planter un arbre, il faut passer par une phase de chantier. Pour accompagner les riverains, plusieurs dispositifs d’information sont mis en place, à la fois en présentiel et en numérique, ainsi que des concertations. Celles-ci permettent de bonifier les projets, et ensuite, nous travaillons à l’optimisation des chantiers

En amont de la plupart des projets, nous organisons des réunions publiques pour les présenter, et, selon les cas, nous utilisons d’autres formats d’échanges. Ces discussions nous permettent d’optimiser l’organisation des chantiers. Dans une période où les interventions sont nombreuses, cela nous aide aussi à mieux coordonner les travaux et, par exemple, à ajuster le fonctionnement des feux de circulation temporaires.

Prenons l’exemple des travaux de la Voie Lyonnaise 8, qui vont débuter ces prochains mois sur l’avenue Barthélemy Buyer : nous avons demandé que les interventions ne commencent qu’après 9 h et se terminent avant 17 h, afin d’éviter les heures de pointe.

Enfin, il est essentiel de rappeler que ces aménagements ne concernent pas uniquement le vélo. Il s’agit avant tout d’un projet global d’espace public, intégrant de la végétation, des systèmes d’infiltration des eaux, un éclairage public repensé et des dispositifs pour sécuriser les piétons. L’enjeu est de décloisonner ces sujets et d’adopter une approche d’aménagement cohérente et durable.

Quelles sont les principales difficultés de cohabitation avec les autres modes de transport ? Travaillez-vous sur ce sujet, notamment via un code spécifique de l’usage ?

Nous travaillons à faire évoluer les trottoirs, les pistes cyclables et l’espace public de manière générale pour accompagner le développement des modes de transport les plus vertueux et répondant à une forte demande. Durant cette période de transition, il peut y avoir des conflits d’usage, le temps que chacun trouve sa place.

Avant même que les nouveaux aménagements soient finalisés, il est essentiel d’encourager de bonnes pratiques. C’est pourquoi nous avons doublé les unités cyclistes de la police municipale afin d’accompagner les nouveaux usagers et de veiller au respect des règles de circulation. L’objectif est que ces tensions s’estompent progressivement. Heureusement, le code de la route encadre déjà ces usages et nous pouvons nous appuyer sur ses dispositions pour garantir une cohabitation apaisée entre tous les modes de transport.

Dott est désormais l’unique opérateur de trottinettes en libre-service »

Les trottinettes électriques sont également des usagers de la voirie. Rencontrez-vous des problèmes spécifiques avec ce mode de transport ?

Ce mode de transport est relativement récent, ayant connu une croissance très rapide à partir de 2017-2018. Depuis, plusieurs phases de régulation ont été mises en place, et depuis notre élection en 2020, nous avons déjà adopté deux séries de mesures pour encadrer leur usage, renforcer la sécurité et améliorer le stationnement, notamment pour les trottinettes en libre-service.

Aujourd’hui, le principal enjeu ne concerne plus tant les trottinettes en libre-service, qui peuvent être bridées à distance, mais plutôt les trottinettes privées. Nous n’avons en effet pas la possibilité d’en limiter la vitesse en zone piétonne. En trois années de suite, un million de trottinettes électriques ont été vendues en France, et les grandes villes comptent naturellement une forte concentration d’usagers. Certains modèles sont même débridés après achat, ce qui pose un véritable problème de sécurité.

Nous devons donc agir à la fois sur le volet répressif, avec l’action de la police municipale, et sur le volet préventif, en sensibilisant les usagers pour garantir le respect du code de la route.

En 2020, Lyon a choisi Dott et Tier pour opérer ses 4 000 trottinettes en libre-service. Quel bilan tirez-vous de ce service ? Un nouvel acteur pourrait-il faire son entrée sur le marché ?

Le service a évolué depuis ses débuts : les conflits d’usage ont diminué, même si tout n’est pas encore parfait. Concernant les opérateurs, Dott est désormais l’unique opérateur de trottinettes en libre-service à Lyon depuis la fusion avec Tier en 2025.

Par ailleurs, la flotte a légèrement été réduite, passant de 4 000 à 3 500 engins, afin de mieux réguler les usages et d’améliorer la gestion du stationnement. À ce stade, nous n’avons pas prévu de lancer un nouvel AMI, mais nous nous laissons la possibilité de le faire si cela répond à un besoin d’intérêt général.


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