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Relance : « Il faut 1 Md€ supplémentaire pour le ferroviaire » (Bruno Gazeau, FNAUT)

News Tank Mobilités - Paris - Actualité n°201634 - Publié le 04/12/2020 à 10:28
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« Les milliards d’euros affectés au ferroviaire permettent à SNCF Réseau d’effectuer les travaux prévus dans le cadre du contrat de performance. Les choses sont garanties pour 2020 et 2021, mais pas au-delà. Le Gouvernement continue à faire davantage d’efforts pour les secteurs de l’automobile et de l’aérien que pour les transports publics. On n’observe aucun ralentissement des projets autoroutiers », déclare Bruno Gazeau
, président de la FNAUT • Association de consommateurs agréée • Création : 1978 • Adhérents : 150 associations implantées en région • Mission : conseiller et défendre les usagers de tous les modes de transport et… , à News Tank le 04/12/2020.

« Les ZFE Zone à faibles émissions sont nécessaires mais pas suffisantes pour réduire la circulation en ville. Il faut y ajouter des Zones à trafic limité (ZTL), assez peu connues en France, sauf à Nantes ou à Lille, par exemple », indique-t-il. 

Bruno Gazeau commente les grandes orientations de la politique des transports et de la mobilité, alors que la FNAUT publie une analyse du plan de relance.


« Le plan de relance ne suffit pas à encourager le report modal »

La FNAUT pointe l’insuffisance du plan de relance, avec notamment 2,9 Md€ pour la régénération du réseau ferroviaire. Pourquoi ?

Le plan de relance voté dans le cadre du projet de loi de finances 2021 est en réalité un plan de soutien. Les milliards d’euros affectés au ferroviaire permettent à SNCF Réseau d’effectuer les travaux prévus dans le cadre du contrat de performance. Les choses sont garanties pour 2020 et 2021, mais pas au-delà. Contrairement au discours gouvernemental, les investissements dans le ferroviaire ne sont pas en augmentation, mais restent dans la continuité de la période 2016-2019, alors que 2012-2016 était une période de sous-investissement. On ne va pas assez loin pour encourager le report modal.

Les décisions prises ne marquent pas un véritable tournant dans les politiques de mobilités. On a sauvé les meubles, sans plus. Or, pour répondre aux problématiques liées au changement climatique, nous devons travailler sur un horizon de dix ans. La politique d’infrastructures suivie actuellement s’inspire du scénario 1 établi par le COI Conseil d’orientation des infrastructures : créé par la LOM, le COI réunit des responsables politiques et des experts. Cette instance collégiale est chargée de conseiller le gouvernement sur la… , légèrement amélioré, et renvoie à une phase ultérieure tout ce qui relève des transports du quotidien : le nœud ferroviaire lyonnais, la voie supplémentaire de contournement de Toulouse ou de Bordeaux, et les voies d’accès au Lyon - Turin, alors que les financements européens ont été revus à la hausse.

Jugez-vous que la stratégie portée par le Gouvernement n’est pas suffisamment volontariste ?

L’usage de la route reste largement gratuit »

Bien sûr, l’État subventionne les infrastructures ferroviaires, mais l’usage de la route reste largement gratuit. Par exemple, on peut circuler de Melun à Paris gratuitement sur une autoroute alors que sur le même trajet en train, 40 % du prix du ticket est destiné au paiement du sillon. Et le Gouvernement continue à faire davantage d’efforts pour les secteurs de l’automobile et de l’aérien que pour les transports publics. On n’observe aucun ralentissement des projets autoroutiers, et l’on voit même Poitiers-Limoges remis dans le circuit, alors qu’il n’avait pas été retenu par le COI. Plus d’un milliard d’euros est engagé pour ces autoroutes. On remet 1,9 Md€ pour le bonus/malus… Même si chacune de ces mesures peut être justifiée, le cumul des sommes engagées pour l’automobile est supérieur à ce qui est consenti pour le ferroviaire. A contrario, l’État n’a pas toujours financé la totalité des infrastructures LGV Ligne à grande vitesse , ayant recours aux partenariats public-privé pour certaines d’entre elles. La FNAUT soutiendra le projet de loi Convention citoyenne pour le climat, qui propose notamment d’apporter 1 Md€ supplémentaire sur le ferroviaire.

La SNCF a annoncé son intention de réduire les prix des billets, pour attirer davantage de voyageurs face à l’aérien. Comment financer ce soutien ?

La FNAUT ne privilégie pas la taxation du kérosène, mais il nous paraît indispensable de fixer un prix minimum pour les billets d’avion, qui ne devraient jamais être moins chers qu’un billet de train. Rétablir des trains de nuit ne servira à rien s’ils restent plus chers qu’un trajet aérien. D’autre part, la limite de 2h30 n’est pas pertinente pour supprimer les liaisons aériennes en concurrence avec le train. Il faudrait la porter à 4 heures, de manière à couvrir tout le sud de la France, et bon nombre de liaisons transversales, comme Lyon - Rennes.

Le Gouvernement annonce le lancement en 2021 du 4e appel à projets de transports en commun en site propre (TCSP). Quelles sont vos priorités sur la question ?

TCSP : il faudrait 800 M€ au lieu de 450 M€ »

Concernant le 4e appel à projets TCSP, je distingue deux priorités. Tout d’abord le périurbain avec la prise en compte des étoiles ferroviaires et les modes qui permettront de mieux mailler le territoire, comme le vélo ou le covoiturage. Et d’autre part, tout ce qui touche à l’intermodalité pour assurer la fluidité de tous ces modes de déplacement, avec le partage de la voirie, et bien sûr les solutions MaaS Mobility as a service ou Mobilité améliorée par association de services : type de service qui, via un canal numérique commun, permet aux utilisateurs de planifier, réserver et payer pour plusieurs… . La FNAUT demandait un appel à projets doté de 800 M€ au lieu de 450 M€, comme prévu initialement par le Grenelle de l’Environnement, il y a plus de dix ans. N’oublions pas qu’il existe également un levier social pour soutenir les transports du quotidien : le retour du taux de TVA à 5,5 %.

Avec la crise, les pertes de recettes issues du Versement mobilité pèseront sur les politiques de déplacements des Autorités organisatrices. Comment y faire face ?

Dans un premier temps, il faut apporter aux AOM Autorité organisatrice de la mobilité les compensations qu’elles demandent, aussi bien sur le VM Versement mobilité que sur les pertes de recettes commerciales liées à la crise sanitaire. Mais avec la crise économique et la pérennisation du télétravail, les 20 % de VM qui manqueront vont durablement pénaliser le budget des AOM. Il faudra qu’elles réfléchissent à trouver de nouvelles ressources, pour éviter de se résoudre à réduire leur offre de 20 %. Il n’y a pas de réponse universelle et dogmatique, mais une combinaison de moyens qui doivent être adoptés de façon cohérente par les élus à l’échelle des aires urbaines. Le redéploiement des moyens proposé par Thierry Mallet Président du conseil d’administration @ Institute for Sustainable Aviation • Coprésident de la commission Réforme de la sphère publique @ Medef • Vice-président @ Union des transports publics et… , président de l’UTP • Organisation professionnelle • Création : 1899 • Mission : regroupe les entreprises de transport public urbain, entreprises de transports ferroviaires (voyageurs et fret) et gestionnaires… , est une bonne piste. La mobilité est l’agrégation des différents modes. La FNAUT défend l’ouverture à la concurrence quels que soient les opérateurs, à condition que les AO soient garantes de l’intermodalité. Cette intermodalité doit être polyvalente, et reposer à la fois sur les hubs, sur les horaires de correspondances, sur l’information voyageurs et sur la billettique.

La FNAUT doute de l’efficacité des ZFE pour réduire les émissions de particules liées aux déplacements. Pourquoi ?

Les ZFE ne contribuent pas à réduire la circulation en ville »

Les ZFE répondent à l’objectif de réduire la pollution, mais ne contribuent pas à réduire la circulation en ville. C’est une réponse nécessaire pas suffisante. Les émissions de particules fines qui résultent des frottements des pneumatiques et des freins continuent d’augmenter et restent les plus nocives. Et cela ne disparaîtra pas avec les véhicules électriques. Il faut y ajouter des Zones à trafic limité (ZTL), assez peu connues en France, sauf à Nantes ou à Lille, par exemple. Le périmètre peut être différencié de la ZFE, et se combiner avec du péage urbain, sous la forme de péage de cordon, de flux ou de stock.

Parcours

FNAUT
Président
Centre national de documentation pédagogique (CNDP)
Directeur commercial
Mairie de Belfort
Conseiller municipal
Ministère de l’éducation nationale (MEN)
Chef de cabinet de Jean-Pierre Chevènement
Ministère de l’Industrie
Directeur de la Direction des industries métallurgiques et minières (Dimme)
Ministère de la Recherche et ministère de l’Industrie
Conseiller de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche puis de l’Industrie
Conseil régional de Franche-Comté
Directeur du cabinet
Agence de développement économique de la ville et du département de Belfort
Responsable
Bureau d’études et de réalisations urbaines (BERU)
Consultant

Établissement & diplôme

Université de Californie à Los Angeles (UCLA)
Master d’Urban planning
Essec Business School (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales)
Diplômé

Fiche n° 41977, créée le 25/11/2020 à 15:59 - MàJ le 05/04/2024 à 20:02

FNAUT

• Association de consommateurs agréée
• Création :
1978
• Adhérents : 150 associations implantées en région
• Mission : conseiller et défendre les usagers de tous les modes de transport et représenter les usagers auprès des pouvoirs publics et des entreprises de transport
• Président : François Delétraz
• Secrétaire général : François Giordani
• Contact : Nina Soto, service communication
• Adresse : 32 rue Raymond Losserand à Paris (75014)
• Tél. : 01 43 35 35 75
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Catégorie : Groupement professionnel


Adresse du siège

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Fiche n° 10278, créée le 29/09/2020 à 10:53 - MàJ le 19/08/2024 à 18:12