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Recharge du véhicule : « 40 % en entreprise, 40 % à domicile, 20 % en itinérance » (F. Ioos, TotalEnergies)

News Tank Mobilités - Paris - Interview n°404402 - Publié le
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François Ioos, directeur Business Unit Solutions de Mobilités de TotalEnergies - ©  TotalEnergies

« Avec le thermique, 100 % de l’approvisionnement se faisait en station-service. Aujourd’hui, la recharge est beaucoup plus dispersée. En moyenne, elle se répartit ainsi : 40 % en entreprise, 40 % à domicile et seulement 20 % en itinérance. Cela suppose un vrai changement d’habitude pour les utilisateurs, mais aussi des défis d’infrastructure. Il y a encore un déficit d’équipement à domicile, dans les dépôts ou dans certains réseaux », déclare François Ioos, directeur Business Unit Solutions de Mobilités de TotalEnergies • Compagnie internationale spécialisée dans la production et la fourniture d’énergies • Création : 1924• Secteurs d’activité :- Integrated Gas, Renewables & Power (chaîne intégrée du gaz, les… , à News Tank le 07/07/2025.

« Pour accélérer l’électrification des usages, la réglementation est essentielle, mais elle ne suffit pas. Elle joue un rôle moteur dans la transformation de l’écosystème, mais pour que cela fonctionne, elle doit s’accompagner de deux autres leviers : une évolution des comportements et un développement des infrastructures. Il est également crucial qu’elle s’inscrive dans le temps long, avec une trajectoire claire et stable. Trop de complexité ou d’instabilité freine les décisions. La règle doit être lisible pour être efficace. »

« Le dispositif des CEE Certificat d’économie d’énergie - Mécanisme qui vise à obliger ou encourager des acteurs à réaliser des économies d’énergie via la délivrance d’un certificat est un soutien bienvenu pour accompagner cette transition, à condition qu’il soit stable et pérenne afin de limiter les fraudes. Avec la fin annoncée du bonus écologique en décembre 2024, remplacé par les CEE, le système évolue. Le bonus était un montant fixe et uniforme, alors que les CEE laissent les concessions automobiles libre de fixer le niveau de la prime qu’elles souhaitent verser. »

François Ioos répond aux questions de News Tank.


« Depuis février 2025, la LOM Loi d’orientation des mobilités a pris un tournant » (François Ioos, TotalEnergies)

Vous êtes directeur du pôle « Solutions de Mobilité » chez TotalEnergies, en relation avec les entreprises gestionnaires de flottes. À quels défis font-elles face aujourd’hui ?

Elles sont confrontées à deux grands défis pour électrifier leur flotte. Le premier, c’est le choix des véhicules à électrifier. Ce n’est pas évident : il faut naviguer dans un ensemble complexe de règles fiscales, tout en gardant la maîtrise des coûts. Nous les aidons à y voir clair, à décider s’il faut conserver leur flotte actuelle, renouveler certains contrats ou électrifier en priorité tel ou tel segment.

Le second défi, c’est l’adhésion des conducteurs. Beaucoup restent anxieux face à la transition vers l’électrique. Pour les rassurer, nous misons sur des ambassadeurs, capables d’accompagner le changement sur le terrain.

Enfin, face aux incertitudes, on observe une tendance à prolonger les durées de location : c’est souvent le premier réflexe des gestionnaires, qui cherchent à temporiser avant d’investir dans de nouveaux véhicules.

Nous respectons les objectifs de la LOM »

La loi de finances pour 2025 a-t-elle accéléré le besoin de renouveler les flottes ?

Depuis février 2025, la LOM a pris un tournant : ce qui relevait jusqu’ici de l’incitation est devenu contraignant. Pour les entreprises disposant de plus de 100 véhicules, ne pas respecter les quotas de renouvellement en véhicules électriques entraîne désormais des sanctions.

La trajectoire imposée par la loi devient de plus en plus exigeante, avec un pourcentage de véhicules électriques à atteindre qui augmente chaque année. Cela pousse les gestionnaires de flotte à anticiper leurs renouvellements pour rester dans les clous.

TotalEnergies respecte-t-il les objectifs fixés par la LOM ?

Oui, nous respectons les objectifs de la LOM. En tant qu’acteur de la transition énergétique, nous nous devons d’être exemplaires. Cela passe par l’expérimentation en interne de nos propres solutions, pour mieux accompagner ensuite nos clients.

La réglementation doit s’inscrire dans le temps long »

Les CEE sont-ils une bonne technique de financement pour la mobilité décarbonée ?

Les fournisseurs d’énergie ont une obligation à respecter, et 40 % de ces obligations concernent le secteur des transports. Pourtant, ce secteur ne capte qu’environ 4 % des financements, ce qui reste faible au regard des enjeux.

Le transport est un secteur difficile à décarboner, mais l’électrification des flottes représente une piste intéressante. Par exemple, la prime CEE peut atteindre 60 000 € pour un poids lourd, tandis que pour un véhicule léger ou utilitaire léger, elle varie de 500 à 5 000 €, selon la catégorie.

Globalement, le dispositif des CEE est un soutien bienvenu pour accompagner cette transition, à condition qu’il soit stable et pérenne afin de limiter les fraudes.

Avec la fin annoncée du bonus écologique en décembre 2024, remplacé par les CEE, le système évolue. Le bonus était un montant fixe et uniforme, alors que les CEE laissent les concessions automobiles libre de fixer le niveau de la prime qu’elles souhaitent verser. Il n’y a pas de tarif standard imposé pour le marché, ce qui complexifie la lisibilité et la prévisibilité pour les bénéficiaires.

La réglementation est-elle la clé pour accélérer l’électrification ?

Elle est essentielle, mais elle ne suffit pas. La réglementation joue un rôle moteur dans la transformation de l’écosystème. Mais pour que cela fonctionne, elle doit s’accompagner de deux autres leviers : une évolution des comportements et un développement des infrastructures.

Il est également crucial que cette réglementation s’inscrive dans le temps long, avec une trajectoire claire et stable. Trop de complexité ou d’instabilité freine les décisions. La règle doit être lisible pour être efficace.

Des renouvellements de l’ordre de quatre à cinq ans pour les VL »

Vous évoquez l’importance d’une trajectoire de long terme. De quels horizons parle-t-on concrètement ?

Cela dépend des segments. Pour les infrastructures, on parle de transformations qui s’inscrivent sur plusieurs décennies. C’est un temps long, lié à la planification, aux autorisations et aux investissements lourds.

Pour les véhicules légers, le cycle est plus court : on est sur des renouvellements de l’ordre de quatre à cinq ans. Pour les poids lourds, en revanche, la durée d’usage est plus longue — autour de 10 ans —, ce qui allonge d’autant le temps nécessaire à une transition complète.

Les habitudes de recharge sont-elles comparables à celles de l’utilisation d’un moteur thermique ?

Avec le thermique, 100 % de l’approvisionnement se faisait en station-service. Aujourd’hui, la recharge est beaucoup plus dispersée. En moyenne, elle se répartit ainsi : 40 % en entreprise, 40 % à domicile, et seulement 20 % en itinérance.

Cela suppose un vrai changement d’habitude pour les utilisateurs, mais aussi des défis d’infrastructure. Il y a encore un déficit d’équipement à domicile, dans les dépôts ou dans certains réseaux.

Chez TotalEnergies, nous avons fait le choix d’être proactifs sur la recharge en itinérance, notamment sur autoroute et en voirie. Nous sommes aujourd’hui le 1er réseau de recharge électrique sur autoroute en France sur ce segment, avec 250 stations équipées de bornes de recharge haute puissance, positionnées tous les 100 km environ.

Nos clients attendent de la simplicité, de la prévisibilité »

La lisibilité du tarif est-elle aujourd’hui au rendez-vous ?

C’est un enjeu majeur, aussi bien pour les particuliers que pour les professionnels. Pour y répondre, nous avons développé une application permettant d’identifier les stations de recharge accessibles, les types de bornes disponibles, et les formules tarifaires associées — avant même d’utiliser sa carte.

Mais il reste encore beaucoup à faire. La tarification électrique est souvent complexe, notamment lorsqu’elle intègre des frais de stationnement ou des accords spécifiques entre opérateurs. Le prix affiché peut ne pas refléter le tarif réellement appliqué au client.

Nos clients attendent de la simplicité, de la prévisibilité. Lorsqu’on électrifie une flotte, la première question, c’est : comment maîtriser les coûts ? Il faut savoir où et quand recharger, éviter les frais annexes, et pouvoir anticiper les dépenses. Cela suppose un accompagnement global.

Pour cela, nous avons mis en place des outils spécifiques pour les gestionnaires de flotte : des tableaux de bord de suivi, la possibilité de fixer des plafonds — non plus en litres comme dans le thermique, mais en montants — afin d’éviter des facturations excessives. On a vu certains cas avec des montants incohérents : il faut encadrer et outiller.

Carte Fleet TotalEnergies - ©  TotalEnergies

Quel secteur couvre la business unit Solutions de Mobilité de TotalEnergies ?

Notre business unit regroupe l’ensemble des services liés à la mobilité des entreprises, centralisés autour de la carte Fleet. Cette carte multi-énergies permet de gérer aussi bien les carburants traditionnels et biocarburants que la recharge électrique et le gaz naturel.

Au-delà des énergies, elle couvre aussi une large gamme de services : Ainsi, grâce à nos partenariats stratégiques, notamment avec Onepark, nous proposons la plus grosse offre d’accès au parking avec 2000 parkings en France, accessibles et payables avec la carte Fleet.

Et la carte donne également accès aux télébadges, au lavage, à l’entretien des véhicules… L’objectif est de simplifier la gestion grâce à une facture unique, qui facilite aussi la récupération de TVA Taxe sur la valeur ajoutée en agrégeant toutes ces solutions.

TotalEnergies

Compagnie internationale spécialisée dans la production et la fourniture d’énergies
• Création : 1924
Secteurs d’activité :
- Integrated Gas, Renewables & Power (chaîne intégrée du gaz, les renouvelables et l’électricité)
- Exploration-Production (activités d’exploration et de production de pétrole et de gaz naturel, menées dans plus de 50 pays)
- Raffinage-Chimie (pôle industriel contenant les activités de raffinage, de pétrochimie et de chimie de spécialités, mais aussi les activités d’approvisionnement et de négoce pétrolier et les transports maritimes)
- Marketing & Services (commercialisation dans le domaine des produits pétroliers, approvisionnement et logistique)
• Chiffre d’affaires : 205 Md€ (2024) ; 220 Md€ (2023)
Résultat net  : 15,2 Md€ (2024) 19,8 Md€ (2023)
• Effectifs :
- 102 579 collaborateurs (dont 34,6 % travaillant en France)
- implantation dans environ 120 pays
Président-directeur général : Patrick Pouyanné, depuis 2015
• Tél.  : 01 47 44 46 99


Catégorie : Energies


Adresse du siège

2 bis rue Louis Armand
75015 Paris France


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Fiche n° 10238, créée le 28/09/2020 à 15:09 - MàJ le 04/07/2025 à 09:02

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