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Ambition France Transports : « Financer de manière soutenable, crédible et durable » (François Bayrou)

News Tank Mobilités - Paris - Actualité n°397186 - Publié le
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Conférence du 05/05/2025 à Marseille - ©  VEP

« Le modèle est à bout de souffle et doit être repensé. Plusieurs dizaines de milliards sont nécessaires pour moderniser et régénérer le ferroviaire et les autoroutes et routes non concédées. Nos marges de manœuvre sont réduites : sans possibilité d’augmenter nos recettes, nous devons maîtriser nos dépenses. Il faut identifier les investissements nécessaires et les leviers pour les financer de manière soutenable, crédible et durable. Les engagements de l’État n’ont cessé de s’accumuler sans mettre les moyens en face. Nous nous sommes bâtis sur du sable. La plupart des projets n’ont pas de financement clairement défini », déclare François Bayrou Premier ministre @ Chef du Gouvernement - Hôtel de Matignon • Maire @ Ville de Pau • Président @ Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées • Président @ Modem
, Premier ministre, lors du lancement de la conférence de financement « Ambition France Transports » à Marseille le 05/05/2025.

Réunissant les acteurs du secteur, la conférence, d’une durée de dix semaines, est répartie en quatre ateliers pour trouver des solutions pérennes de financement des infrastructures de transport.

Le Premier ministre a évoqué quelques pistes, « sans préempter du résultat » :
• « La création d’un VMR fait partie des mesures déjà prises, les régions peuvent s’en saisir
• La fin des concessions autoroutières entre 2031 et 2036 offre une opportunité sans précédent de pouvoir rediriger de manière durable les recettes des péages vers les infrastructures de transport
• Trouver de nouveaux investisseurs : il faut bâtir un nouveau cadre d’investissement attractif et équilibre »

Il a réitéré sa volonté que les travaux soient terminés avant la fin du mois de juillet 2025 « pour qu’ils soient expertisés et que nous puissions définir rapidement notre ambition en matière de transport. Ces délais sont courts, mais nous n’avons pas le luxe d’avoir des années devant nous. »


« Réduire la fracture territoriale, stimuler l’économie, tout en adaptant tous nos réseaux à la transition climatique sont nos objectifs » (François Bayrou)

« J’ai dit il y a quelques semaines que nous avions un Himalaya à gravir. L’Himalaya, c’est une chaîne de montagnes, une dizaine de sommets. Notre premier effort a été de bâtir un camp de base en faisant adopter un budget, en surmontant six motions de censure en six semaines. Nous avons lancé depuis plusieurs initiatives et chantier dans l’éducation, l’accès au soin, la simplification et pour donner un nouveau rythme aux finances publiques et à l’endettement du pays.

La conviction que j’ai défendue, c’est que ce n’est pas dans les bureaux à Paris que les décisions doivent se prendre. J’ai voulu associer le plus largement possible les Français. Nous avons fait le choix de faire confiance aux acteurs de terrain et je crois pleinement aux corps intermédiaires.

Le secteur des transports joue un rôle central dans un champ essentiel de l’action public et souvent abandonné : l’aménagement du territoire. Donner à chacun un traitement équitable en tenant compte de ses spécificités, c’est donner à chacun une juste égalité des chances. Pour construire cette promesse, les infrastructures de transports doivent faire l’objet de financements importants et réguliers.

Il faut bâtir ensemble un nouveau système de financement refondé, mis à plat et modernisé. Nos voisins y sont parvenus et nous aussi par le passé. La politique volontariste d’aménagement du territoire a permis un maillage routier et autoroutier dense et efficace. Dans le ferroviaire, l’accent mis sur la LGV Ligne à grande vitesse a permis de redynamiser ce mode de transport. Les villes et métropole ont adapté leur voirie. Mais nous sommes passés de 1,5 million de voitures particulières en 1950 à 12 millions en 70, et 39 millions aujourd’hui. Des offres de transports en commun ont été déployées d’abord en ville puis en banlieue.

Je veux saluer les actions de Jean Castex et Élisabeth Borne, notamment le nouveau pacte ferroviaire, la LOM Loi d’orientation des mobilités , fixant des objectifs ambitieux pour les mobilités du quotidien ainsi que le plan d’avenir pour le transport, les travaux du COI Conseil d’orientation des infrastructures : créé par la LOM, le COI réunit des responsables politiques et des experts. Cette instance collégiale est chargée de conseiller le gouvernement sur la… et les nombreux rapports des parlementaires, collectivités et acteurs du secteur.

Les impératifs de décarbonation, de cohésion des territoires, de régénération, de modernisation des infrastructure »

Plusieurs constats sont aujourd’hui clairement établis : les impératifs de décarbonation, de cohésion des territoires, de régénération, de modernisation des infrastructures.

  • Le premier est intrinsèquement lié à la question de l’énergie et il est nécessaire de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

Le secteur est responsable de 30 % des émissions de GES gaz à effet de serre dont 95 % sont dues au transport routier.

À l’exigence environnementale, dont nous mesurons chaque année, voire jour, l’intensité, s’ajoute la question de la souveraineté.

Dans ce débat que je souhaite le plus large possible, la question des transports est crucial. L’objectif de décarbonation doit être poursuivi et développé : effectuer davantage de report modal, électrifier les véhicules légers et développer les transports massifiés.

À ce titre, les SERM Service Express Régional Métropolitain qui assurent une meilleure desserte des métropoles proposent une offre fréquente, fiable, en favorisant les reports modaux.

Pour le transport de marchandises, des progrès en matière de fret ferroviaire et fluvial doivent être faits. On est encore loin avec seulement 11 % du trafic. Les stratégies d’interconnexion avec les ports doivent être étudiées pour développer le fret massifié.

  • Les développements d’infrastructures n’ont pas profité de manière équitable à tous les territoires. Aux métropoles oui, mais c’est moins le cas pour les villes moyennes et où les dessertes ont eu tendance à se dégrader.

Cette dynamique aggrave une facture. Pire encore, les projets de développement ont accaparé des ressources qui n’ont pas pu aller aux villes moyennes. Le sentiment d’enclavement et de déclassement ressenti par les gilets jaunes, notamment à cause du manque des transports l’illustre bien.

L’enjeu est d’assurer à nos concitoyens qui ne vivent pas dans les centres-villes qu’ils ne seront pas délaissés et leur offrir des solutions mobilités bas-carbone.

  • Pour dynamiser l’attractivité des territoires, une bonne répartition des infrastructures est une donnée essentielle pour l’attractivité et le dynamisme des territoires.

Un réseau de mobilité bien conçu et construit permet une adéquation des offres et demandes pour l’emploi ou les loisirs.

Comment une Région peut-elle se développer si les entreprises sont peu accessibles ou mal reliées ? 1/3 Français a déjà refusé une offre d’emploi faute de solution de mobilité.

Je suis parfaitement conscient de la révolution en cours avec Marseille en Grand. l’État sera au rendez-vous. J’ai bien conscience des fortes attentes du territoire, notamment en matière ferroviaire dans la perspective des JOP Jeux Olympiques et Paralympiques 2030. L’État donnera son assentiment à la modernisation de Marseille-Briançon, indispensable au JOP.

Réduire la fracture territoriale, stimuler l’économie, tout en adaptant tous nos réseaux à la transition climatique sont nos objectifs.

  • En raison de décennie de sous investissements, nos réseaux sont vieillissants, malgré les efforts des dernières années.

L’âge moyen des caténaires est de 40 ans, voire de 65 ans sur certaines. Près de 50 % des chaussées de notre million de km sont dégradées et 34 % des ponts. Ces chiffres ont augmenté de 4 et 5 % entre 2018 et 2022. Un réseau qui vieillit se dégrade. Il perd en fiabilité et sécurité, ce qui peut être source d’accidents ou de drame. On l’a vu à Gênes. L’effort de résorption de cette dette grise doit être vu comme une priorité de notre action publique.

Sans possibilité d’augmenter nos recettes, nous devons maitriser nos dépenses »

Le modèle est à bout de souffle, plusieurs dizaines de milliards sont nécessaires pour moderniser et régénérer le ferroviaire et les autoroutes et routes non concédées.

  • Nos marges de manœuvre sont réduites : sans possibilité d’augmenter nos recettes, nous devons maîtriser nos dépenses.

Des finances dégradées et une dette abyssale ne peuvent qu’affaiblir notre capacité d’action là où une gestion saine permet de réaliser les investissements d’avenir. Mais ce n’est pas le choix le plus fréquemment fait depuis 40 ans.

  • Avec le grand basculement du monde auquel on assiste depuis le 24/02/2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie et plus récemment une date ou le président des USA à jeter le trouble sur l’équilibre des alliances et du commerce mondial, notre effort de Défense est plus essentiel que jamais. Il en va de la survie de notre modèle de société.

Notre capacité à investir sur l’existant et sur les nouveaux projets est grevée par cette nouvelle donne.

Le modèle de financement n’est pas soutenable et doit être repensé »

Le modèle de financement n’est pas soutenable et doit être repensé. Il faut identifier les investissements nécessaires et les leviers pour les financer de manière soutenable, crédible et durable. Les engagements de l’État n’ont cessé de s’accumuler sans mettre les moyens en face. Nous nous sommes bâtis sur du sable. La plupart des projets n’ont pas de financement clairement défini. L’incertitude entraîne de multiples phasages, voire des reports perpétuels des projets, avec une augmentation des coûts et des délais.

  • Une autre raison en est la passion française pour l’inflation de normes. On ne peut plus construire des infrastructures sans tant d’étapes de consultation et concertation. Cela facilite l’acceptabilité et préserve l’environnement, mais la combinaison de l’ensemble des procédures génère une charge administrative si lourde et ahurissante qu’il faut y réfléchir.

Les délais entre les premières études peuvent dépasser 10 ans voir plus. Nous avons lancé un grand chantier de simplification en ce sens.

Nous avons devant nous des défis en matière de financement des infrastructures pour reposer les bases du financement des transports. Le pilotage ne sera pas chose facile, ça nécessite la mobilisation de tous les acteurs et pour chef d’orchestre une personnalité à l’expérience incontestable, c’est pourquoi j’ai confié cette tâche à Dominique Bussereau Président @ Ambition France Transports
.

Chacun doit pouvoir participer, même s’il ne fait pas partie d’un atelier »

Je souhaite que cet événement puisse réunir l’ensemble des parties prenantes du secteur. Chacun doit pouvoir participer, même s’il ne fait pas partie d’un atelier, déposer sa contribution en ligne ou demander à être reçu par un atelier. Sans préempter le résultat, voici quelques pistes qui méritent d’être explorées :

  • La création d’un VMR fait partie des mesures déjà prises, les régions peuvent s’en saisir.
  • La fin des concessions autoroutières entre 2031 et 2036 offre une opportunité sans précédent de pouvoir rediriger de manière durable les recettes des péages vers les infrastructures de transport.
    • En 2005, j’avais été bien seul à m’émouvoir que l’État revende ses parts des sociétés. J’avais acheté une action dans chacune d’entre elles pour pouvoir aller devant le tribunal administratif et au Conseil d’État pour présenter une vision différente du processus de privatisation. La façon dont ces opérations ont eu lieu a été un motif d’incompréhension. L’État s’est volontairement privé d’une ressource qui était le véritable patrimoine des Français et qui aurait pu abonder de manière pérenne.
  • Trouver de nouveaux investisseurs : il faut bâtir un nouveau cadre d’investissement attractif et équilibre
    • Réfléchir à une évolution de normes de comptabilité pour plus de visibilité dans un cadre pluriannuel de long terme et mieux tenir compte de la réalité des flux associés à certains montages financiers comme cela peut se faire dans d’autres pays. Je propose que nous ne privions pas de regarder ce qui marche ou non ailleurs.

Je souhaite que ces travaux soient terminés avant la fin du mois de juillet pour qu’ils soient expertisés et que nous puissions définir rapidement notre ambition en matière de transport. Ces délais sont courts, mais nous n’avons pas le luxe d’avoir des années devant nous.

Je compte sur vous pour dépasser les constats et faire des propositions concrètes et opérationnelles. Nous avons dix semaines de réflexion et d’action pour donner à nos infrastructures les moyens dont elles ont besoin. Vous pourrez compter sur la pleine mobilisation du gouvernement. »

« Il faut des débats sans tabou, mais pas de solutions faciles qui ne reposent que sur le contribuable » (Philippe Tabarot)

« Je suis heureux et fier d’être parmi vous pour trois raisons :

  • Je suis un peu chez moi dans le Sud et nous avons fait beaucoup pour les mobilités : le projet de ligne nouvelle, le Marseille-Briançon, les quatre SERM Service Express Régional Métropolitain , le lancement de l’ouverture à la concurrence mais aussi Marseille en Grand et la loi sûreté dont s’est saisie en premier la RTM Régie des transports métropolitains, opérateur de transports en commun de La Métropole Mobilité (métropole d’Aix-Marseille-Provence) .
  • Nous avons besoin de cette conférence, peut-être plus que jamais. Nous, sénateurs l’avions imaginé pour les SERM, vous Premier ministre, vous l’avez pensé pour toutes les mobilités, et vous avez bien fait. Nous avons connu trop de plans sans financement.
  • Cette conférence est déjà un succès : tout le monde ovulait en être. Les sélections ont été terribles, experts, parlementaires, etc. ils sont venus de toute la France et ont accepté de travailler pendant 10 semaines, presque jour et nuit. Tout le monde est au travail.

Pour que les recettes du secteur des transports puissent enfin financer dignement nos infrastructures, il faut des débats sans tabou, mais pas de solutions faciles qui ne reposent que sur le contribuable.

Différents plans ont été pris pour nos mobilités. Sur le plan Borne, ce qu’il a manqué, c’est une loi qui aurait pu permettre une planification à une période où c’était possible. Il reste des choses à faire, notamment sur les bénéfices de la SNCF qui sont mis dans le fonds de concours, sur les infrastructures ferroviaires. Ce sont des éléments qui viennent du plan Borne. Les 100 Md€ n’ont pas été budgétisés mais il en reste quelque chose. À nous dans la conférence de flécher selon les besoins. »

« Nous avons une nécessité d’action pour passer de l’idée isolée à la réalisation pour tous » (Amélie de Montchalin)

« Nous sommes réunis autour d’un héritage fort : de ces infrastructures qui servent chaque jour nos concitoyens, de ces technologies qui doivent beaucoup à la France et de ces mobilités douces dont la sobriété est la force.

C’est un patrimoine financé par les générations passées dont chacun est fier, qui profite à tous et que chacun veut maintenir prospère et efficace.

Ces 25 dernières années, nous avons beaucoup mis sur les rails nos idées : des projets bien pensés, mais la programmation de la mise en œuvre et de leur financement n’a pas toujours suivi. Nous avons une nécessité d’action pour passer de l’idée isolée à la réalisation pour tous. Cela nécessitera des choix qui ne seront pas simples. La vérité permet d’agir.

Nous savons que nous ne pouvons pas tout faire tout de suite  »

La situation des finances publiques est sérieuse et nous menons un redressement tout aussi sérieux et ambitieux. Cette ambition est à notre portée et les transports font partie de notre constat des défis à relever. Nous savons que nous ne pouvons pas tout faire tout de suite : déjà, car les engins de terrassements et les fonds européens sont en quantité finie. Mais ce constat ne doit pas amener à l’inaction ou à l’impuissance.

Avec Ambition France Transports, nous proposons une méthode : celle du débat, exigeant, respectueux pour, avec des faits étayés et partagés, arriver à un consensus et surtout bâtir un compromis. Il se bâtira avec les parlementaires, mais aussi toutes les composantes locales.

Cette conférence parle de l’avenir : les mobilités du quotidien, les SERM, le bon entretien du patrimoine national ferroviaire ou routier, des projets structurants pour le futur réseau. Nous devrons faire évoluer nos usages.

Ce débat, est un élément vital pour la démocratie. La mobilité est la clé de l’émancipation de chacun, d’où qu’il vienne. C’est l’une des conditions de la prospérité actuelle et future.

« La méthode doit mettre l’usager au centre des décisions » »

Pour y arriver, la méthode doit mettre l’usager au centre des décisions. C’est essentiel pour dégager des priorités et savoir où les dépenses sont les plus utiles. Fixer des priorités permet aussi de fixer des calendriers réalistes et cohérents et d’arriver à sécuriser l’arrivée rapide des projets tant attendus. C’est aussi faire que l’argent public, l’argent des Français, devienne efficace. C’est ce que j’appelle l’euro marginalement décisif.

Nous devons donner aux porteurs publics et privés confiance dans l’avenir pour un juste partage des coûts et une protection face aux aléas. C’est à cette condition que nous pourrons trouver de nouveaux investisseurs.

Nous avons une conviction : nous avons assez de créativité et de volonté pour faire naître des choix collectifs qui peuvent préparer notre avenir. »

« Pour l’aménagement du territoire à horizon 2035, nous avons la nécessité de relever quatre défis majeurs » (François Rebsamen)

« La question des mobilités est au cœur de notre réflexion républicaine sur l’aménagement du territoire. C’est d’abord la liberté, l’égalité pour le plus grand nombre aux opportunités, mais aussi la transition écologique, la cohésion sociale et l’attractivité des territoires dont il est question.

La France, par sa diversité géographique, territoriale et ses dynamiques régionales nouvelles, impose une approche différenciée, mais solidaire en matière de mobilité. Pour l’aménagement du territoire à horizon 2035, nous avons la nécessité de relever quatre défis majeurs :

  • L’inégalité territoriale qui existe dans les zones rurales ou périurbaines, pour l’accès à l’emploi ou à la culture qui dépend trop souvent de la voiture individuelle.
  • Une métropolisation qui entraîne une forme de congestion urbaine qui nuit à la qualité de la vie, de l’air, à la productivité, etc.
  • Une urgence écologique : 30 % des GES viennent des transports
  • La fracture numérique

Nous devons garantir à chaque citoyen une solution de mobilité adaptée, accessible et décarbonée. Nous avons la responsabilité de maintenir et d’adapter les réseaux existants. Il faut actualiser les COP. Les acteurs doivent collaborer pour trouver les solutions de financement concrètes. Cela doit se baser un diagnostic objectif. Il faut donc partager des données, fixer des objectifs communs et des solutions adaptées aux territoires. Cette conférence est une opportunité. »

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Conférence du 05/05/2025 à Marseille - ©  VEP