« Sur le territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence, nous avons priorisé les pôles d’activité, qui concentrent un tiers des emplois » (Olivier Binet, Karos)

La métropole a lancé le service « lecovoiturage », opéré par Karos, en janvier 2024. Quel premier bilan en tirez-vous ? Quelles sont les prochaines étapes ?

Martine Vassal  : Le bilan est très prometteur ! En seulement dix mois, nous avons atteint plus de 83 000 trajets covoiturés, ce qui représente plus de 2,2 millions de kilomètres parcourus. Cette dynamique a permis d’économiser plus de 280 tonnes de CO₂ et a généré plus de 1 M€ de pouvoir d’achat redistribué, des résultats obtenus grâce à des partenariats solides avec des acteurs publics et privés. Plus de 130 partenariats ont été établis sur notre territoire, avec des entreprises comme le CEA de Cadarache, ST Microelectronics, ainsi que des associations d’employeurs et des campus universitaires. Notre objectif est clair : accélérer encore ! Nous préparons actuellement un plan de communication grand public pour renforcer la sensibilisation et continuer sur cette lancée.

Olivier Binet  : Nous sommes ravis de ces premiers résultats et de l’accueil de notre solution par les habitants de la Métropole. Notre rôle en tant qu’opérateur est d’accompagner la collectivité au plus près du terrain, en restant attentifs aux retours des usagers. Récemment, nous avons mené une enquête pour comprendre en détail les attentes des utilisateurs, ce qui nous permet d’adapter le service en continu pour répondre aux besoins spécifiques des habitants de la région. Le covoiturage est une solution de mobilité souple et économique, particulièrement adaptée aux spécificités de ce territoire.

Aix-Marseille-Provence Métropole est l’agglomération à la plus forte croissance de pratique du covoiturage en France à la rentrée. À quoi attribuez-vous cela ?

Martine Vassal : Nous observons en effet une croissance impressionnante de l’ordre de 23 % entre juin et septembre 2024, avec plus de 30 000 trajets réalisés en septembre. Parmi les 12 plus grandes métropoles françaises, Aix-Marseille-Provence enregistre la plus forte accélération de la pratique du covoiturage. Cette performance repose sur plusieurs facteurs : avant tout, une volonté politique forte qui est le socle de ce projet. Nous avons aussi bénéficié d’une incitation financière substantielle, en partenariat avec l’État, pour rendre le covoiturage accessible et attractif. En septembre, nous avons organisé plus de 30 animations auprès des employeurs partenaires pour sensibiliser les usagers. La présence sur le terrain fait vraiment la différence, surtout dans une métropole aussi vaste et diverse. Le covoiturage devient une alternative économique et écologique pour les habitants, particulièrement dans les zones où les transports publics ne peuvent répondre pleinement aux besoins des habitants."

Olivier Binet : La spécificité d’Aix-Marseille-Provence réside dans sa dimension étendue et dans la diversité de ses zones d’activité, ce qui rend le covoiturage particulièrement pertinent. Avec le soutien de la Métropole, nous avons travaillé pour structurer un service de covoiturage bien intégré, qui offre aux résidents des solutions adaptées à leurs déplacements quotidiens. Cette intégration permet au covoiturage de s’implanter durablement dans les habitudes de mobilité des habitants, en complément des transports publics.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de la métropole d’Aix-Marseille-Provence au niveau du covoiturage ?

Martine Vassal : Aix-Marseille-Provence est la métropole la plus étendue de France, et plusieurs zones d’activités, comme le Groupement des Industries de la Haute Vallée de l’Arc à Rousset, sont excentrées par rapport aux centres urbains. Le covoiturage est ici une réponse adaptée aux besoins de mobilité en périphérie. Nous nous engageons aux côtés des élus, employeurs et partenaires pour que le projet prenne vie et pour accompagner les conducteurs, y compris en indemnisant leurs trajets. Sur le plan de la communication, nous faisons connaître le service Lecovoiturage pour qu’il devienne un réflexe pour nos habitants.

Olivier Binet : En tant qu’opérateur, nous nous attachons à rester au plus près des utilisateurs et à leur écoute. Nous avons récemment lancé une grande enquête pour identifier ce qui fonctionne bien et ce qui peut être amélioré. Le covoiturage, particulièrement dans cette région, permet de se déplacer de façon économique et respectueuse de l’environnement, même dans des zones peu desservies par les transports publics.

Comment concevoir une offre de covoiturage comme un maillon d’une offre globale de mobilité ?

Martine Vassal : Nous avons choisi Karos pour compléter notre offre de transport public en créant un service sous notre marque Lecovoiturage. Trois éléments illustrent cette intégration : premièrement, la continuité dans la nomenclature des services de mobilité (‘lecar’, ‘lebus’, ‘lecovoiturage’). Ensuite, un système d’exclusion empêche de couvrir les trajets déjà desservis par les lignes principales comme le métro ou les trams, pour garantir la complémentarité. Enfin, nous avons mis en place un calculateur de trajets intermodaux qui permet de combiner le covoiturage avec d’autres modes de transport lorsque c’est pertinent.

Olivier Binet : Karos se voit comme un opérateur de transport public, avec, de fait, une conviction forte : il faut aider les collectivités à construire leur service public de covoiturage et donc leur permettre de garder la main : les données sur les trajets et sur les utilisateurs leur appartiennent, elles peuvent développer leur propre marque et c’est elles qui choisissent d’organiser leur réseau.

Pour qu’un service de covoiturage soit véritablement un maillon de l’offre de mobilité, il faut que ce maillon soit solide et qu’il s’imbrique bien avec les autres.

Comment inciter les habitants à utiliser davantage ce service ? Quels sont les défis du développement du covoiturage ?

Olivier Binet : Pour développer le covoiturage, il est essentiel de nouer des partenariats avec les employeurs, qu’il s’agisse d’administrations, de services publics ou d’entreprises privées locales. La majorité des trajets quotidiens en voiture sont des trajets domicile-travail, et 72 % des Français utilisent leur voiture en étant seuls au volant. Sur le territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence, nous avons priorisé les pôles d’activité, qui concentrent un tiers des emplois de la métropole ( 82 000 pour Marseille-Nord, 40 000 pour Vitrolles-Marignane, 30 000 pour Aix-en-Provence et Arbois-Durance, 14 000 pour la ZIP zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, 12 000 pour Aubagne-Gémenos, etc) et les campus universitaires, où 34 % des trajets de septembre ont été effectués par des étudiants et des enseignants. Une fois les partenariats signés, l’étape suivante consiste à informer, communiquer et animer, car se mettre au covoiturage représente un changement d’habitude. Nos équipes sont présentes sur le terrain pour accompagner ce changement via des animations en entreprise, des webinaires, et d’autres événements, afin de lever les freins à l’adoption du covoiturage. Enfin, l’incitation financière joue un rôle central, en limitant le coût pour les passagers et en indemnisant les conducteurs, ce qui est bénéfique pour le pouvoir d’achat et l’environnement.

Martine Vassal : Les partenariats avec les employeurs sont effectivement fondamentaux, surtout pour les trajets domicile-travail. Nous avons ciblé des zones d’activités stratégiques comme Marseille-Nord, Vitrolles-Marignane, Aix-en-Provence, et Fos-sur-Mer, qui concentrent des milliers d’emplois. Les campus universitaires jouent également un rôle clé dans la promotion du service auprès des jeunes, qui sont les usagers de demain. En les sensibilisant dès maintenant au partage de trajets et à la protection de l’environnement, nous formons une nouvelle génération à des pratiques de mobilité durable. Nous soutenons également financièrement le service : la Métropole a choisi une prise en charge qui limite le coût pour les passagers, tout en indemnisant les conducteurs, pour rendre le covoiturage attractif et accessible.

Qu’apporte Karos par rapport à d’autres services possibles de covoiturage ?

Martine Vassal : Karos nous permet de contrôler les données et de développer le service sous notre marque. Cela répond à nos attentes pour une solution adaptée aux spécificités de notre territoire sans coûts élevés d’infrastructure, ce qui est particulièrement important dans le contexte budgétaire actuel.

Olivier Binet : Karos est avant tout un opérateur qui valorise la marque de la collectivité avant la sienne. Nous nous adaptons au contexte local et proposons une solution économique, sans nécessiter de lourds investissements en infrastructures. Cela garantit une grande flexibilité pour les collectivités, tout en assurant une maîtrise des coûts.

Le cadre réglementaire et le régime d’aides au covoiturage est-il suffisant selon vous ?

Martine Vassal : Le plan gouvernemental a eu un impact significatif, avec un doublement des trajets en covoiturage. Mais la baisse des ressources des collectivités et la réduction de l’enveloppe du Fonds vert soulèvent des inquiétudes. Nous espérons des engagements forts pour permettre au secteur de contribuer durablement aux objectifs de décarbonation.

Olivier Binet : Pour Karos, pour répondre aux attentes environnementales, le secteur a besoin de financements pérennes et d’un soutien institutionnel pour encourager la mobilité partagée.

Le plan gouvernemental était jusqu’à présent à la hauteur des enjeux, le covoiturage du quotidien étant censé contribuer à l’effort de décarbonation du secteur automobile à hauteur de 10 % selon le SGPE Secrétariat général à la planification écologique .

Mais un cadre stable est essentiel pour le développement du covoiturage. Or, les projets des AOM reposent pour partie aujourd’hui sur des dispositifs dont la pérennité est questionnée. Les deux sources de préoccupations principales pour l’avenir du secteur et des projets des collectivités résident, d’une part, dans la baisse drastique du budget des collectivités et, d’autre part, dans la réduction très forte de l’enveloppe du Fonds vert dédiée à l’amélioration de la qualité de vie (incluant le soutien au covoiturage).

Nous espérons que le Gouvernement comme les parlementaires comprendront que le secteur a besoin d’engagements forts et de stabilité pour pouvoir contribuer à l’effort de décarbonation sur lequel il est attendu.

Métropole Aix-Marseille-Provence (AMP)

• Métropole située dans le département des Bouches-du-Rhône (13) en région Provence-Alpes-Côte d’Azur
• Création : 01/01/2016
• Regroupe 92 communes
- 1,890 million d’habitants (2018, dernier chiffre en date)
- 750 800 emplois
- 198 500 entreprises
- 224 711 établissements
• Budget primitif 2024 : 2,486 Md€ (1,790 Md en fonctionnement / 696 M€ en investissement)
• Effectifs : 8 236 agents (2023)
• Présidente : Martine Vassal (LR), depuis le 20/09/2018
• Contact : Stéphanie Leguérinel, directrice projets et communication territoriale
• Tél. : 04 91 99 99 00
• Marchés publics
• Plateforme opendata

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Catégorie : Métropole, CU, CC, Villes

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Adresse du siège

58, boulevard Charles Livon
13007 Marseille France

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Fiche n° 10318, créée le 29/09/2020 à 18:56 - MàJ le 18/11/2024 à 18:23

Karos

• Karos est la marque française de Karos Mobility, entreprise à mission spécialisée dans le « court-voiturage », covoiturage courte distance sur les trajets quotidiens (via une application)
- fournit des prestations de service auprès des collectivités et entreprises pour développer des réseaux de transport complémentaires fondés sur le covoiturage.
- 100 AOM partenaires et 600 employeurs
- Karos Mobility opère les marques : Karos en France, en Espagne et en Suisse, goFLUX en Allemagne, Ta’Med au Danemark
• Création : 2014
• Siège social  : Paris
• Déploiement : France, Allemagne, Espagne, Danemark, Suisse
• Investisseurs : Groupe Arnault, Aster (Schneider Electric, Alstom), Alto (Eiffel Investment Group), Xavier Niel (Free), Franck Le Ouay (Criteo), Michaël Benabou (vente-privee.com), Charles Egly (Younited Credit), Banque européenne d’investissement, Macif, fonds à impact Ring Capital et Citizen Capital.
• Chiffre d’affaires  : 10,5 M€ (2023)
• Président et cofondateur : Olivier Binet
• Directeur technique et cofondateur : Tristan Croiset
• Directeur général  : Joachim Renaudin (janvier 2024)
• Tél. : 01 84 19 17 70
Contact

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Catégorie : Taxis - VTC - Covoiturage

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Adresse du siège

48 rue René Clair
75018 Paris France

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Fiche n° 10421, créée le 30/09/2020 à 16:25 - MàJ le 19/11/2024 à 09:51