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Autocar : « Un risque de faillites en nombre pour mars 2021 » (Jean-Sébastien Barrault, FNTV)

News Tank Mobilités - Paris - Interview n°202097 - Publié le 09/12/2020 à 12:29
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« Nous souhaitons que le report des échéances soit accompagné d’un allongement des durées d’emprunt équivalent aux mensualités non versées. Si l’on ne parvient pas à régler cette question, l’échéance du mois de mars 2021 risque de provoquer des faillites d’entreprises en nombre », déclare à News Tank Jean-Sébastien Barrault Président @ Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) • Président @ Bardhum
, président de la Fédération nationale des transports de voyageurs • Association professionnelle qui rassemble tous les métiers et toutes les entreprises (TPE, PME, groupes) du transport par autocar • Création : 1992 • Représente 1 300 entreprises en France… depuis décembre 2017, réélu au cours de l’Assemblée générale du 09/12/2020.

« La FNTV • Association professionnelle qui rassemble tous les métiers et toutes les entreprises (TPE, PME, groupes) du transport par autocar • Création : 1992 • Représente 1 300 entreprises en France… doit s’adapter aux enjeux du numérique et continuer à se réformer pour intégrer les nouveaux acteurs du covoiturage et des plateformes. J’ai fait en sorte que les autocaristes gardent le pouvoir au sein de la fédération, mais je considère qu’il est indispensable d’élargir nos bases », ajoute le président de la FNTV.

« Nous avons obtenu le versement d’une subvention de 15 à 20 % du chiffre d’affaires, dans la limite de 200 000 € pour le mois de décembre 2020, et la suppression du plafond de 50 salariés. »

« Nous mettons en place un indice salarial spécifique au transport routier de voyageurs par autocar, qui sera publié par le Conseil national routier (CNR). Cet indice pourra être repris dans les contrats signés avec les collectivités locales. »

Jean-Sébastien Barrault revient sur les réalisations de son premier mandat et détaille ses orientations à venir.


« Mise en place d’un indice salarial spécifique au transport routier de voyageurs par autocar »

Vous êtes réélu à la présidence de la FNTV. Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat ?

Mon premier mandat de président de la FNTV a démarré il y a trois ans, quelques jours avant le drame de Millas [accident de car scolaire survenu le 14/12/2017 sur un passage à niveau, ayant fait 6 morts et 30 blessés, NDLR]. Cela m’a fait immédiatement prendre conscience de la responsabilité de diriger une fédération professionnelle dans des moments comme celui-ci.

Au cours de ce mandat, j’ai souhaité que la FNTV s’adapte aux enjeux du numérique et se réforme pour intégrer les nouveaux acteurs du covoiturage et des plateformes. Lorsqu’on a commencé à les accueillir, les entreprises de covoiturage et les plateformes, certains ont pensé que l’on laissait entrer le loup dans la bergerie. J’ai fait en sorte que les autocaristes gardent le pouvoir au sein de la fédération, mais je considère qu’il est indispensable d’élargir nos bases.

Nous avons également ouvert la fédération à l’Outre-mer avec la création d’une FNTV Réunion, et nous envisageons d’ouvrir une structure aux Antilles.

Ce premier mandat a été fortement marqué par les Assises de la mobilité et la préparation de la LOM Loi d’orientation des mobilités , avec un gros travail de lobbying auprès des parlementaires pour défendre les intérêts de la profession.

• Après l’annulation du congrès annuel pour cause de crise sanitaire, la FNTV a organisé son Assemblée générale annuelle en visioconférence,

• Marc Papinutti, directeur de la Direction générale des Infrastructures, des transports et de la mer (DGITM), est intervenu au cours de cette AG,

• Un scrutin en ligne, ouvert du 02/12/2020 au 09/12/2020, a été organisé pour l’élection du président. Jean-Sébastien Barrault a été réélu avec 97 % des suffrages, la participation atteignant un record de 83 %. 

Le transport routier de voyageurs fait partie des secteurs en tension. Comment revaloriser le métier de conducteur ?

Le passage du permis D à 18 ans est imminent »

Nous avons largement orienté nos efforts sur le recrutement. L’âge moyen des salariés dans le transport routier de voyageurs (TRV) est de 50 ans, avec une pyramide des âges très défavorable. Nous nous sommes employés à rendre le métier de conducteur plus attractif et à lever les barrières à l’embauche, avec certains résultats :

  • Le permis D à 18 ans au lieu de 21 ans. Il doit très prochainement entrer en vigueur, avec la possibilité de développer des formations initiales intégrées au parcours de l’Éducation nationale, comme c’est le cas dans le transport routier de marchandises. Le décret a été  transmis au Conseil d’État par le ministre des Transports. Cela nous permettra d’accueillir des jeunes en alternance, ce qui était impossible jusqu’à maintenant.
  • Le Contrat de conducteur en période scolaire (CPS). Nous sommes sur le point de signer un accord avec les partenaires sociaux, qui vise notamment à faire passer de 550 à 600 le nombre d’heures minimal du contrat, ce qui ouvre le droit aux cotisations sociales de retraite. Cette évolution s’accompagne d’un deuxième accord sur le temps partiel annualisé, sur la base de 800 heures minimum.
  • Le congé de fin d’activité. Nous avons également engagé une réflexion avec les partenaires sociaux afin de conserver plus longtemps les conducteurs dans l’emploi, en leur offrant des droits nouveaux.
  • L’indice salarial spécifique. Nous mettons en place un indice salarial spécifique au transport routier de voyageurs par autocar, qui sera publié par le Conseil national routier (CNR). Cet indice pourra être repris dans les contrats signés avec les collectivités locales, de façon à mieux refléter les décisions que nous pourrons prendre en matière de revalorisation salariale.

Comment les professionnels du transport routier de voyageurs ont-ils vécu la crise sanitaire ?

Une subvention de 15 à 20 % du chiffre d’affaires en décembre »

La situation est très diversifiée chez nos adhérents, qui vont des TPE-PME, aux ETI et groupes internationaux. Dans l’ensemble, les filets de sécurité mis en place par l’État et les Régions fonctionnent assez bien pour les entreprises dont le chiffre d’affaires provient en majorité des transports conventionnés, même si elles enregistrent des pertes importantes. Les plus fragilisées sont les PME réalisant une grande part de leur chiffre d’affaires dans le tourisme et le transport occasionnel.

Nous avions demandé à faire évoluer le plafond du fonds de solidarité fixé à 10 000 €, en mettant en place une indemnisation basée sur le chiffre d’affaires et en relevant la limite fixée à 50 salariés. Nous avons obtenu le versement d’une subvention de 15 à 20 % du chiffre d’affaires, dans la limite de 200 000 € pour le mois de décembre 2020, et la suppression du plafond de 50 salariés.

Nous avons également demandé la prolongation au-delà du 31/12/2020 de la prise en charge de l’activité partielle à 100 %. Et nous sommes optimistes sur l’aboutissement de cette demande.

Deux préoccupations majeures demeurent. D’abord, les échéances de prêts bancaires et de crédits-baux dont nous avons obtenu le report au 31/03/2021. Or, il est fort probable que les entreprises de transports ne seront pas en capacité de recommencer à payer leurs échéances à cette date. Nous souhaitons également que le report des échéances soit accompagné d’un allongement des durées d’emprunt équivalent aux mensualités non versées. Si l’on ne parvient pas à régler cette question, l’échéance du mois de mars 2021 risque de provoquer des faillites d’entreprises en nombre.

Le deuxième sujet qui nous préoccupe est celui de l’assurance. Toutes les entreprises ont constaté des augmentations substantielles de leurs primes d’assurance pour 2021, alors même que la sinistralité a fortement baissé en 2020. Le ministre de l’Économie a annoncé le 07/12/2020 un gel des primes d’assurance pour le tourisme, mais nous ne sommes pas certains à ce jour que cette disposition concerne nos assurances flottes, et pas uniquement la responsabilité civile entreprise.

La crise sanitaire n’a pas remis en question les orientations en matière de transition énergétique. Là encore, le cas est différent dans l’interurbain et dans le car de ligne. Comment faire évoluer les choses ?

Un comité de filière spécifique à l’autocar »

La transition énergétique doit se mettre en place à marche forcée. La France risque d’être condamnée si les ZFE Zone à faibles émissions ne sont pas mises en place rapidement. L’attente est très forte de la part des collectivités locales comme des citoyens en général. D’un autre côté, la filière industrielle de l’autocar n’est pas prête. Les deux modèles électriques proposés par des constructeurs chinois, et les trois modèles au gaz des constructeurs européens ne suffisent pas à constituer une véritable alternative face à la cinquantaine de modèles d’autocar existant sur le marché. Nous avons demandé à l’État d’installer un comité de filière spécifique à l’autocar pour accentuer la pression sur les constructeurs. Nous espérons signer prochainement une convention avec l’État en ce sens.

La FNTV est également signataire d’une convention dans le cadre du programme Engagement volontaire pour l’environnement (EVE), auquel nous sommes associés. Et nous discutons avec l’État des termes de la prochaine convention, qui couvrira les trois prochaines années, avec des objectifs plus ambitieux.

Quelles sont vos priorités pour ce nouveau mandat ?

La FNTV déposera son dossier de représentativité, qui arrive à échéance en 2021. En octobre 2017, nous avions créé la Confédération nationale de la Mobilité (CNM), avec le secteur des ambulances et des transports de fonds. À présent, ces derniers adhéreront à la FNTV pour déposer le dossier de représentativité sous sa bannière.

Le monde du transport sanitaire est lui aussi en train de se réformer pour se tourner vers un modèle économique basé sur les marchés publics. Ce n’est pas un hasard si les grands acteurs du transport routier de voyageurs s’y intéressent beaucoup.

Les défis restent importants en matière sociale »

Les défis restent importants en matière sociale, avec une visibilité particulière sur la réduction du nombre de branches souhaitée par l’État. Le rapport Ramain, rendu public en février 2020, préconise la création d’une branche spécifique au transport de voyageurs. Cela changerait énormément de choses vis-à-vis des organisations syndicales et des conventions collectives. Nous y sommes très attentifs.

Nous souhaitons également renforcer notre activité de lobbying à Bruxelles. En matière de transition énergétique par exemple, nous aimerions mettre en place d’un système de pénalités pour inciter les constructeurs à produire des autocars propres, similaire à celui qui existe pour les véhicules particuliers. Barbara Pompili Conseillère spéciale pour la planification écologique à l’international @ Secrétariat général de la planification écologique
, ministre de la Transition écologique, est d’ailleurs prête à nous soutenir dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, au premier semestre 2022.

Jean-Sébastien Barrault


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Fiche n° 41095, créée le 08/10/2020 à 22:18 - MàJ le 07/06/2024 à 13:12

Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV)

• Association professionnelle qui rassemble tous les métiers et toutes les entreprises (TPE, PME, groupes) du transport par autocar
• Création : 1992
Représente 1 300 entreprises en France revendiquant les 2/3 du parc d’autocars français (45 000 sur 67 000)
• Représente également le transport sanitaire et le transport de fonds dans les négociations sociales de la branche
La FNTV Nouvelles Mobilités rassemble les SLO (« cars Macron »), les sociétés de covoiturage, les plateformes de mobilité et les activités opérées au moyen de véhicules de moins de dix places.
• S’appuie sur 17 unions régionales et six commissions thématiques nationales
• Effectifs : 14 personnes
• Président : Jean-Sébastien Barrault
• Déléguée générale : Ingrid Mareschal
Déléguée générale adjointe  : Anne-Gaëlle Simon
• Contact : Boris Cavaglione, responsable de la communication
• Tél. : 01 40 82 62 72


Catégorie : Groupement professionnel
Entité(s) affiliée(s) : FNTV Sud


Adresse du siège

14 bis, rue Daru
75008 Paris France


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Fiche n° 10280, créée le 29/09/2020 à 10:59 - MàJ le 18/10/2024 à 14:12