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Ingénierie : « Les infrastructures de transport sont au cœur du plan de relance » (D. Traube, Systra)

News Tank Mobilités - Paris - Interview n°209152 - Publié le 22/02/2021 à 16:00
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© Systra
Didier Traube - © Systra

« En France, malgré le contexte, la situation me rend confiant. Les investissements en infrastructures de transport sont au cœur du plan de relance », déclare à News Tank Didier Traube Vice-président exécutif @ Systra France • VP Executif France @ Systra
, vice-président exécutif de Systra • Groupe d’ingénierie et le conseil spécialisé dans les transports publics et les solutions de mobilité • Création : 1957 • Activité : études amont et de conception, phases de construction, test… France, le 22/02/2021.  

« Nous voulons devenir au sens large un acteur de l’ingénierie de l’aménagement du territoire, et non plus seulement de l’ingénierie des infrastructures de transport, laquelle reste notre colonne vertébrale », indique-t-il. 

« Malgré les mesures de confinement et les semaines d’arrêt des chantiers de BTP, 2020 est une belle année de croissance, même si nous sommes en-dessous de ce que nous avions anticipé en termes de résultat net. »

Didier Traube a rejoint le groupe de conseil et d’ingénierie en juin 2017 au poste de directeur général adjoint France, après un parcours dans l’ingénierie et les transports.

Systra prévoit une activité soutenue pour 2021, tant à l’international qu’en France où l’entreprise a construit sa réputation et réalise 30 % de son chiffre d’affaires à fin 2020, avec des projets sur tous les modes de transport, de la grande vitesse aux modes doux, en passant par le ferroviaire classique, le métro, le tramway et le routier. 

Didier Traube détaille à News Tank son bilan, ses attentes, et sa stratégie de croissance pour les années à venir.


« Autour de la mobilité, des infrastructures et de l’utilisation du territoire se greffe la problématique de transition environnementale. Nous sommes en capacité de répondre à ces défis touchant au conseil, à l’ingénierie et à la concertation »

Systra annonce une croissance de 8 % en 2020 par rapport à 2019. Quel bilan tirez-vous de cette année 2020 ?

En France, nous sommes sur des projets structurants »

C’est une année de croissance, même si nous sommes en-dessous de ce que nous avions anticipé en termes de résultat net. En France, nous sommes passés de 185 M€ de chiffre d’affaires en 2019 à 196 M€ en 2020. Malgré les mesures de confinement et les semaines d’arrêt des chantiers de BTP, une spécificité française, cela reste une belle année. Le groupe a su réorganiser sa production pour poursuivre les projets engagés. Une montée en charge était prévue à l’export, tirée par des projets comme la grande vitesse au Royaume-Uni, qui n’a pas faibli en 2020. En plus du marché récurrent, nous sommes en France sur des projets structurants, dont l’activité s’est maintenue, par exemple le Grand Paris Express, le chantier Eole Le projet Eole de prolongement du RER E vers l’Ouest est porté par la SNCF, Île-de-France Mobilités et le STIF , le Lyon-Turin ou les opérations d’amélioration du réseau patrimonial de la SNCF. Un phénomène a toutefois impacté notre activité de conseil qui s’adresse aux collectivités territoriales : les élections municipales de mars-juin 2020. En renouvelant certaines équipes, on s’est parfois retrouvé pris en ciseaux entre celles, sortantes, qui ne se sentaient plus légitimes pour prendre des décisions et donc temporisaient, et celles, nouvelles, pas immédiatement opérationnelles.

Avez-vous été impacté dans le secteur aéroportuaire, où Systra est notamment présent auprès d’ADP • Société anonyme chargée de construire, aménager et exploiter des plates-formes aéroportuaires parmi lesquelles Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le Bourget • Chiffre d’affaires …  ?

Le ralentissement ou l’arrêt des projets a eu un impact peu significatif car cette activité démarre chez nous. On fait de la conduite générale de projets, pour aider nos clients à piloter leur maîtrise d’ouvrage, les enjeux administratifs et financiers de leur projet. Conséquence de la crise, ADP a réinternalisé le pilotage de ces opérations.

Au sortir de cette année 2020, qu’est-ce qui est porteur d’avenir ?

Le fait qu’un grand nombre de pays inscrivent dans leur plan de relance le secteur des infrastructures. C’est vrai en France, au Royaume-Uni, et aussi aux Etats-Unis où l’enjeu de rattrapage du retard pris en matière d’infrastructures lourdes est une priorité de la nouvelle présidence. C’est un investissement productif. En France, malgré le contexte, la situation me rend confiant. Les investissements en infrastructures de transport sont au cœur du plan de relance. Avec un effort particulier pour le ferroviaire : 4,7 Md€ consacrés au secteur, dont 2,3 Md€ pour financer l’entretien du réseau. Ces investissements aideront à poursuivre la remise à niveau du réseau structurant et des petites lignes. Nous en bénéficierons par des retombées car SNCF Réseau est notre premier client en France. Le second signal émane des exécutifs des Métropoles. Ils annoncent des plans de mandats importants et mobilisent leurs AOM Autorité organisatrice de la mobilité . A Lyon, Sytral prévoit 2,55 Md€ d’investissements sur le réseau de transports en commun entre 2021 et 2026. A Toulouse, dans la feuille de route de Tisséo • Autorité organisatrice des mobilités de l’agglomération toulousaine (syndicat mixte), propriétaire de l’ensemble des infrastructures et du parc existant • Création : 2002 • Missions :- Concevoir… figure toujours la troisième ligne de métro, baptisée Toulouse Aerospace Express. Des appels d’offres de tramways sont aussi attendus dans le courant de l’année à Brest et Tours.

Comment l’ouverture à la concurrence des petites lignes ferroviaires modifie-t-elle votre approche ?

Les Régions ont vocation à devenir nos clients dans le ferroviaire »

La LOM Loi d’orientation des mobilités offre la possibilité aux Régions d’ouvrir à la concurrence ces petites lignes. Le décret  précisant les modalités de transfert de gestion n’a été publié que le 29/12/2020. C’est trop récent pour qu’on puisse avoir l’idée de l’organisation qui sera propre à chaque Région. Ces modalités dont les Régions s’emparent ne seront pas les mêmes, elles varieront en fonction des sensibilités et problématiques de chacune. Une chose est sûre : les Régions ont vocation à devenir nos clients dans le ferroviaire. Précédemment, elles ne l’étaient que pour du conseil ou de la conduite d’opérations pour, par exemple, rénover des lycées.

Qu’en est-il de la grande vitesse en France, où Systra a contribué à la conception d’une grande partie des lignes ?

La grande vitesse revient dans le débat public avec la liaison Roissy-Picardie. Ce projet devrait se matérialiser courant 2021-début 2022 par des besoins d’études. Il pourrait être réalisé sur un principe de contrat de conception-réalisation. Il est actuellement en phase d’enquête publique. On reparle aussi des LGV Montpelier-Perpignan, de Toulouse-Bordeaux, même si le calendrier reste flou. Nous sommes attentifs à ces marchés, qui sont naturels pour nous et donc nous intéressent au plus haut point.

Après le métro lyonnais, Systra s’implique dans les métros marseillais et toulousain. Où en sont ces projets ?

Faire migrer un métro classique vers une technologie sans conducteur est long et complexe »

A Marseille, nous assistons Alstom • Groupe français dont l’activité est centrée sur le métier du ferroviaire et les moyens de transport (urbains et interurbains) : trains à grande vitesse, métros, tramways, e-bus, ainsi que des… , choisi le 26/11/2019 pour assurer le renouvellement et l’automatisation du métro, dans ce projet très phasé d’intégration des systèmes puis d’essais avant mise en service, prévue à partir de 2023. Faire migrer les lignes de métros classiques vers une technologie sans conducteur est long, complexe, plus que pour un métro neuf. Cette « migration » constitue un savoir-faire : le système est installé en substitution du matériel existant, de façon progressive, avec un impact minimal sur l’exploitation. Pour cela, il faut partir d’un état connu du système, appréhender un état final pour garantir un niveau de performance, et caler au milieu des phasages, en s’assurant qu’à chaque étape, les systèmes continuent de fonctionner. Il faudra donc réaliser les migrations notamment des systèmes garantissant la sécurité ferroviaire, mettre en place des navettes automatiques avec conducteurs, jusqu’au dépôt des cabines pour les adapter aux systèmes sans conducteurs.

A Toulouse, nos trois missions pour concevoir la 3e ligne de métro, avec une mise en service prévue en 2028, se poursuivent. Nous assurons la maîtrise d’œuvre infrastructure de la section souterraine du projet (lot central), la plus technique de toute la ligne, représentant 60 % du tracé final (15 des 27 km). Autre contrat, l’assistance à MO qui comprend l’ensemble des systèmes de la ligne, des stations, du site de maintenance et des matériels roulants. Cet AMO est en phase de consultation. Enfin, nous assurons l’assistance foncière du projet.

Cette mission d’AMO foncier est mal connue, en quoi consiste-elle ?

Construire un métro impose de libérer les emprises nécessaires au chantier. A Toulouse, cela représente un millier de parcelles à négocier et acquérir. La problématique se pose en surface, avec des émergences pouvant impacter des propriétés privées. Moins connue, elle se pose aussi en tréfonds des parcelles. Il peut être nécessaire d’exproprier ces tréfonds. Un sujet complexe, avec une jurisprudence mouvementée, mais que nous maîtrisons. Nous développons cette activité depuis les débuts de la grande vitesse et avec la LGV Sud Europe Atlantique. Nous l’étendons hors transport : accompagnement d’EPF Etablissement public foncier, dont le métier consiste à acquérir des terrains en vue de leur aménagement par un tiers chargé de la construction de logements ou d'équipements publics , de ZAC Zone d’aménagement concerté , de divers clients de l‘amont jusqu’à l’aval.

Déployez-vous une stratégie particulière en France ?

Notre expertise systèmes : elle moins connue que celle sur les infrastructures »

Nous voulons devenir au sens large un acteur de l’ingénierie de l’aménagement du territoire, et non plus seulement de l’ingénierie des infrastructures de transport. Cela reste la colonne vertébrale. Autour de la mobilité, des infrastructures, de l’utilisation du territoire, des enjeux d’artificialisation des sols et de réemploi de « volumes » existants, se greffe la problématique de transition environnementale. Nous sommes en capacité en interne de répondre à ces défis touchant au conseil, à l’ingénierie environnementale et à la concertation.

Notre expertise infrastructures est plus connue que celle sur les systèmes. Rien qu’en France, elle mobilise pourtant 300 salariés et le double dans le monde. Dans Systra, il y a « système »… L’ERTMS European Rail Traffic Management System - Système européen de gestion du trafic ferroviaire, constitué de l’ETCS18 et du GSM-R est l’une de nos spécialités. Sur la LGV SEA Sud Europe Atlantique, mesurant 302 km et mise en service le 02/07/2017 , l’enjeu était déjà de superposer l’ERTMS avec des systèmes historiques, datant des années 1980. De même sur le Paris-Lyon, pour lequel nous venons de remporter le marché en groupement avec Eiffage Énergie Systèmes • Branche Énergie du groupe de BTP Eiffage• Création : 1897 (2011 : Forclum devient Eiffage Énergie)• Mission : concevoir, réaliser et exploiter des réseaux et systèmes d'énergie et… et Saferail. Passer à l’ERTMS permettra d’augmenter le trafic et la fréquence de la ligne.

Didier Traube


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Parcours

Systra France
Vice-président exécutif
Systra
VP Executif France
Ineo Urban Transportation Solutions
Directeur délégué
Alstom
Directeur de concession
APRR
Directeur financier
Thales Engineering and consulting
Responsable Export, transports et infrastructures

Établissement & diplôme

Ensta Paris (École nationale supérieure de techniques avancées)
Diplôme d’ingénieur

Fiche n° 42988, créée le 22/02/2021 à 12:25 - MàJ le 23/02/2021 à 17:13

Systra

• Groupe d’ingénierie et le conseil spécialisé dans les transports publics et les solutions de mobilité
• Création : 1957
• Activité : études amont et de conception, phases de construction, test et mise en service, exploitation et maintenance
• Présent dans 80 pays
• Chiffre d’affaires  : 902 M€ (fin 2022, 76 % réalisé à l’international)
• Actionnariat : RATP (43,4 %), SNCF (43,4 %), Banques (11,4 %), autodétention (1,4 %), salariés (0,4 %)
• Effectifs : 10 300 collaborateurs (fin 2022)
• Président du directoire : Pierre Verzat
Contact
• Tél. : 01 40 16 61 00


Catégorie : Bureau d'études et ingénierie


Adresse du siège

72-76, rue Henry Farman
75015 Paris France


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Fiche n° 10257, créée le 28/09/2020 à 18:35 - MàJ le 08/03/2024 à 10:56

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